< .lit. -- A ^'■^'■^'^ A ^s -mm^^. •* J /' 4 t ^^'■^^^■^^ •.•^^ Q. HORATII FLACCI EPISTULA AD PISONES DE ARTE POETICA i3i94 — PARIS, IMPRIMERIE A. LAHURE Rue . Piihlit-c en deux fois, avec les oeii- tion Mcyer, H 874, et Uscner, de Sclinl. vi-es lyriques d'Horace, traduites en vers Horat., H863. par Anquetil, et à la tète de la tr.-duction 2. Berlin, 2 volumes, )882-R3. minplctn ,\p la rolleotion Panckoucke. i. PREFACE. avec ennui, par des mains impatientes, et celui de notre vieil- lesse, relu avec délices par des veux plus clairvoyants. » Oui; mais aujourd'hui ces deux exemplaires ne sont jamais les mê- mes, si les vieillards cpii relisent Horace se tiennent au courant des travaux de critique quil a inspirés. En efiet, de[)uis plu- sieurs années, les commentateurs qui viennent offrir au poète, dans une nouvelle publication de ses œuvics, 1 li(>nima>:je de leur science et de Icui- admiration, se succèdent singulièrement vite, et la liste en serait Ionique, si on voulait la faire com- plète. Aussi, pour éviter de transformer cette préface en cata- logue, me bornerai-je ii signaler les éditions d'Horace les plus importantes et les plus récentes. Celle de Bentley* a fait dans lliistoire de la crili([ue et dans le texte d'Horace une révolution trop considérable pour qu'on puisse la passer sous silence : elle doit être désormais le point de départ de toute étude. Celle de Peerlkamp, un Hollandais teriible, cpii corrige tout, sabre tout, l)ouleverse tout*, et laisse derrière lui des ruines pres([ue méconnaissables, dis/ cet/ tnemhra pnctœ, est moins utile (jue curieuse : si parfois elle donne à rc-flécliir, le plus souvent elle j)rovo(pie la colère ou le souriic. Parmi les tra\au\ |)lns modernes, je n'ai guère quitté des yeux le commentaire latin d'Orelli, (pie pour con- sulter ceux de Dillcnburger \ de Keilei' et Ilnldci*, ou encore ceux de H. Scliiit/, ' et d(; Kriigei''', cerits en allemand. Seulc- m<'nl, je me suis permis de ne pas être toujours d accord avec Orelii, et plus dune fois j'ai regrette- la brièveté des iu)tes ti'0[) rares de Dillenburger. Mais je dois cl je veux surtout témoigner ma gratitude aux deux maîtres qui m Ont appris le peu (pie je sais de latin, et qui, soit par leur enseignement g'&uéral, soit par leurs expli- cations d'Horace'', m'ont mis en ('lai (rallronter ce tia\ail. I.a crilifpie de M. IJoissier, si vivante, si originale, si colorée, celle de mon |)cre, si fine, si spirituelle, cl, sons une Icrnie U'gèi'e, si solide et si pén(''tranlc, m'ont laisse'- un son\cnir tioj) pi'c- cis, poni' (jUc mon niodcslc ((tninicnlairc n'en soil pas cà el la le reilel. \. 17H. 4, r,.i|./.i(,', 1H7H. 2. Orclli .-I ilit il<- lui : .. Ilor.-itiiiiii rx ;>. Ilciliii, ISS.t. Ilorutio ipsu cx|)iilit. » G. |,ci|)/.i^, IH72, etc. , vtc. •'(. Uonn, '" <'-lc iidiih. ctmi Coll. »!<• I'i:mri'. PREFACE. m Voilà donc pourquoi j'ai fait ce travail avec tant de plaisir ! Pendant que je le poursuivais, ma pensée se reportait à Tépoque déjà lointaine où je n'avais, en lisant et en expliquant Horace, aucun des doutes, aucune des hésitations qui me troublent aujourd'hui; je revivais les années fécondes où M. Boissier était mon maître, les années heureuses où mon père me conseillait et me guidait encore. Maurice Albert. Paris, le septembre 1886. < INTRODUCTION Qu'il ait découvert dans VËpître aux Pisons un véritable traité sur l'art de devenir poète, ou qu'il ait entendu simple- ment désigner la matière et les sujets esquissés par l'auteur, Quintilien n'en a pas moins rendu à Horace un mauvais ser- vice, lorsque le premier il s'est avisé de décorer cette lettre familière du nom pompeux à' Ars poetica^ . C'est en effet sur ce titre, reproduit par les grammairiens et les scholiastes', et depuis presque universellement adopté, que celte œuvre incomprise a été, et est encore souvent jugée. Sur la foi de Quintilien, la plupart des commentateurs se sont placés, pour l'étudier, au même point de vue pédagogique, et ont été ame- nés à transformer l'aimable et modeste correspondant des Pisons en un professeur grave, froid et méthodique : de lii tant d'idées fausses, de critiques injustes, de remaniements auda- cieux ! Pourquoi Scaliger, par exemple, juge-t-il cette épilre avec tant de rigueur et de vivacité? C'est qu'il veut en faire un ouvrage régulier et complet, un Ars poetica^ comme dit Quin- tilien. Il y clierche un ensemble parfait de préceptes sa\ ani- ment présentés, un plan bien clair, des divisions bien nettes il imagine trente-six chapitres qui, à son grand désespoir, se con- fondent tous, et rentrent les uns dans les autres , des transitions \. Dédicace àTryphon,^\.\\^.\'\\\,-i,e,yi. ejusque filios inisit. •• Cf. Sidoine Apol- 2. Porphyrion (édition de Hauthal, linaire, IX, 220; Symmaqiie. £■/'//., I, 4 ; H, p. 649) : « Hune librum, qui inscii- Priscien, XVIII, UH,p. H49. Cliarisius hitur |)rete\le de com- pléter l'épitre aux l'ismis * ? I. u l)f Arle qii.rrix, (|iii^ir lu rt rorrijjr nver l'aide de hou ami, \. V.cn r<-nianirnicnti, ri.iiiini Ill•l■^ |i.ii' le rli«''leur IVlix, le» pornie!! d'Hornee. lleutley, un n.ivani aut%i lulilil el ^piii- Du en rimclut i|ue ntuM ne po-médinnii tuel (|iic hardi, ronlinuéii p.ir Itililierk, pan le texte aiillienlirpic ilii poète, inaix plui téméraire eiirore, et par l'eerUanip, un texte re%'U el fahriqué ; et «pic le» le plu* radieal de tous lc> rrilii|ue!i, furent ronimenlatciiri moderne» avaient Quant aux remanie- ments, je n'indique que la plus sérieuse des opérations chirurgicales tentées : un passage de tlix-sept vers (.391-408) est suj)primé par Ribbeck, et reporté à répître à Auguste. Voy. la note relative à ce passage. i . Dès le sei/.ième siècle. Aide Manuce le jeune, dans la préface de l'épître aux Pisons qu'il édita en 4 576, se demandait si les commentateurs d'Horace n'étaient pas aussi nombreux (pie les vers de cette épître : « Ita enim muiti in Artein poeti- ctim scripsere, merito ut dubitari possit, pluresne versus sint an interprètes. » 2. Vers 436-153, et 75-86. ■3. Entre autres modèles, Horace a imité Ncoptolème de Paros, aujourd'hui inconnu : « in quem librum congessit pr.-ecepta Neoptolemi toO Ilaptx/oO de arte ]>(ietica, non quidem omnia, sed eminentissima o (Porphyrion, II, p. 649). 4. Vers 275-285. VIII IXTRODICTIOV. nom eau. alors t|iron s\ atli'iul le moins. Viiisi, ;i un moinonl tienne, Horace parle du rôle respeelif de lart et du i,H'nie dans la composition d'une œuvre poéticpie, et, selon son habitude, dit sous une forme plaisante i\vs elioses sensées et très sérieuses'. Mais tout à coup d'autres idées lui [)assenl par la tète; et voilà le poète, plus Uljci <|uc labeille de Mâtine. (|ui Ii-s poursuit, les cueille et nous les donne. Cependant la «juestion si leste- ment enle\ée lui tient au cœur, et, une eeiilaine de vers plus loin, bi'usquement il la reprend et la discute à nouveau'. Essaiera- t-on de rapproelit r I un de lautre ces deux |)assages, et de li'S souder, en dépit des manuscrits? Tenlati\e bien superllue, car on n'aura introduit sur <'e point un ordre liés lactice cpie |)our augmenter ailleurs le désoidre: ri il n"\ aurait pas de laison pour ne |)as praticpier sur les deux paraj^i'aplies relatifs aux didérents niètics et ('j^alenicnl di.sjoints ' inie o|)érali(»n du même «^enre. \ oiei encore siii la poésie épicpie des \ers bien inattendus el bizari'cmenl encadrés, sans aucune transition, enli'e (b'ux passai^es consacrés au diame*. (]liercliera-t-on poui' eux dans ce petit |)oéMie une j)lace (pu se [ustdie nueux.' V (Mioi bon .' ( )ii ne la t mmiv crail pas. Les Mippnniei a-t-oii, e(»ninu' Kibbeck a relranclie les \ers où son! celebus les pri-miers poètes, ('ducaleurs (b'S hommes? En ce cas. pourcpioi conser- ver le lablraii des ddlt lents à^es »pn. très naturellement nitro- (liiil pal \iisl((lc dans un traite siii lait (tialoire. semble bien peu nécessaire (piaiid il s aj^it de poésie'? Poui'cpioi ne pas sii|)pi iiiier aussi les trente \cis con.sacrés au drame salNinpie, sous pi étexie (pi On ne coiiiiail dans la littci al lire latine aucun >|)i'(iiiicii de ces sortes de pièces.' l ne suppression «'ii autorise nue aiilK'. et. de iiiiit I lai ion en nuit liai ion. on ponnait peiit- èlie. a\ec un peu de bonne \oloul<'. aiii\er ii esc;iinoter le iioènie «nliei. eu le fondant d;ins les autres epilies. notainnient dans celles du second li\rc'. Uieii n est donc plus inutile (pie 1. V iT!> UD.'.-.KlO. f>. \rrs iriti-l"r.. 2. \ CM 4(t8-4IO. (1. ('.'«•Ht il |)ine : dans les niannsciits on la tionvo ordinaireniciit iniercalée a\ec les Epo- des entre les Odes et les Satires. Cette disposition assez étranjj^e, et (|ui n'a pas peu contribué à accréditer 1 idée fausse que cette épître avait un caractère h part, et se distinijuait complète- innit des autres dont elle était ainsi séparée, s'explicpu' par les circonstances exceptionnelles dans lestpielles se fit la puhlica- cation. Très vraisemblablement, lEpitre aux Pisons ne parut (pra|)rès la mort d'Horace, et lit j)arlie d'un recueil (pii conte- nait en même temps les odes demeurées inédites ou publiées dabord st'-parément , et (pie le poète dans la suite n'avait pas cru devoii' ajouter aux anties. Comme on ne [)ou^ait, explique très bien Walckenaer', mettre ces odes inédiles, né^li<(ées ou ou})liées, (pi'après celles qui formaient déjà un recueil, il s'en- suivit (pie, l(»rs(pron rénnissail les deux recueils pour eu ct)m- poser un seul contenant toutes les poésies dllorace, l'Epître aux Pisons se trouvait placée après les Odes et avant les Satires ; et c'est ainsi (prelle lut publiée primitivement. Mais il ne fut |)as dillieile de reconnaître combien cet airani,aMneiit était dé- leet lieux: et de bonne lieuic on restitua à celle épître sa véri- table place, comme nous venons de lui restiluei" son nom. (ictte place est tout in(li(piée à la fin du seccuid livre, ii la suite des épîtres it \ni(uste et ii .Iulius Florus, (|ui ont. elles ;iussi, ce double caraelère d'ètic pins lon^Mies (pie les autres, et exclu- sivenienl litt(''iaires. ("est lii, siins aucun doiiie, (|U lloiaee I eût iiiS(''i('M', s'il ra\ail publit'c ini-inènie. Mais, comme on \ieiil de le \(»ir, ce diiil être une (l'iiMc posllininc. Le temps inaixpia an jtoete pour coinpleler le nouveau iceiieil (pi il son^^cait ii laire avec ses tr(»is dernières epilres, et même, semble-l-il, pour corii|j^er cl terminer celle (pi il destinait aux Pisons. Car, liés évidemment, il reciivil ;i i;i lin de s:i vie. On a remaiipie ipi elle était pos- tciienic il rainice 7.'W), diilc de l:i nnut de (Jnintiiiiis N'arus, dont le souvenir est cvotpK- dans des tciines (pu indiipient ( . Hitliiiie lie In fit- cl îles /lorfies tl'Hnrmr, I. Il,' p. ril9-5.'iO. IMRODT r/H()\. XI claircnu'iil (jne ce ciiticjui' ros[)('Cté avilit cessé tle NiNie'. Mais il est permis de préciser (la\iuilage, el de ne pas remonter à une époque si lointaine. Pour avoir pu composer les vers qui leur valurent cette lonji^ue lettre et ces graves conseils d'Horace, les jeunes Pisons devaient bien, quelque rare précocité qu'on leur accorde, avoir pour le moins seize ou dix-sept ans. D'au- tant plus que c'est une tragédie, semble-t-il, (ju'ils avaient, — tous les deux peut-être, mais laînë certainement — à se re- procher, puisque c'est de poésie dramatique qu'il est snitout question dans cette épître '. ()i\ leur père, L. Pison, était né en 706'. Il est peu vraisemblable qu'il ait eu ses fils avant sa viuiït-deuxième ou vin^t-troisième aimée, c'est-à-dire avant 728 ou 729. Ce ne peut donc être avant l'année 745 ou 746, à 1 âge indiqué plus haut, ([ue les jeunes Pisons furent pris de ce besoin d'écrire qui, impérieux déjà au temps d'Horace \ va devenir pour les contemporains de Séiièc|ue et de Juvénal une incurable numie^. Par consé(pient, c'est en 746, l'année même de sa mort, ou celli- (jui hi précéda, (|u Horace, a\eiti sans (h)ute par L. Pison, et sup[)Hé de calmer des démangeaisons litté- raires trop vi\es, (il à ces précoces poêles l'hoiiiieur de leur 1. Vers iZH. 2. Cliaque fois qu'il parle 'ous pouvons nous faire une idée juste de la qualité de ses produc- tions, en voyant que Quiutus Cicéron, pour tronq)cr l'ennui des quartiers d'hi- ver en Gaule, composa quatre tragédies en seize jours. HUHAC£, ÉFÎTBE AUX PISO.NS. .3. Il fut, dit Tacite (Annules, VI, 10) préfet de Rome, et mourut en "S 5, à l'âge de quatre-vingts ans. Après sou consulat (739), il obtint la pnivince de Pamplnlie, et une heureuse campagne contre les Besses et les Sialétes (743) lui valut les honneurs du triomphe. Voy. Vel- leius, II, ils; Sénéque, É/ntre LXXXIII, 12; Pline, //. lY., XIV, xxil, 28 ; Suétone, Tib., XLII; Dion, LIV, 34; Florus, IV, XII, 17. C'est bien de ce jiersonnage qu'il s'agit, et non de Cn. Calpurnius Pison qui fut consul en 731. Voy. Porphyrion (II, p. (i4!)J ; Orelli, édition d'Horace, re- vue par Hirschfelder, t. II, p. 536, ex- cursus i ; et Maurice Albert , de faillis Tiburtinis /irincijie Augiisto , caput xi. 4. Ei>îtres, II, I, H7 : « Scribimus indocti doctique |)oeraata passim ». 5. Sénéque (A/^iVrc CVI) : « Litterarum intemperantia laboranms. » — Juvénal (VII, .51) : Teuet insauabile multos scri- beudi cacoethes. » XII INI l'vODi criox. adresser, en iiiènie toni[)s cju'à leur [)vn\ la plus Ionique ot la plus intéressante de ses épîtres. Mais est-ce à dire (juil écrit pour eux seuls, et ((ue l'unique but d'un poème de piès de cin([ cents vers est de retenir pen- dant neuf ans au fond d'un cofTre de c\ [)rès poli, loin des re- e^ards de la criticpic cl de IclahiLie des Sosies, les |)i'oduits imparfaits d'une musc Iroj) jeune? Non, l)icn évidemment; la lonjTueur de celle épilre, sa forme un [)cu plus solennelle, h part les épisodes disséminés çà et lii et les tableaux gro- tesques du déi)iil et de la lin. laisscnl dc\incr d'aulrcs in- tentions. Sans donlc, c'est au\ jcinics Pisons (pu- le poète s'adresse, puisqu à onze reprises il les inlcipclle, soit direc- tement par leur nom, sojl en leur disant ivav, et cpieUpielois ///, quand il eu \eul plus [)arlieulièremeut ii l'aîné'. Sans doute aus.si. (pH'hpn-s-uiis de ces piceeples sont dune simplicité trop élénienlaire poui' e(»u\eiiir ii daulres (pi'à des débutants : seuls, des écoliers à (pu la prosodie n'a |)as encoi-e révélé tous ses secrets ont besoin d'apprendre (|ue l'ïambe est un pied doiil la première s\llabe esl hrève el la seeoude longue. Mais, en réaliu-, d e->l laeile de Noir (pi llt»race a des visées plus hautes, el quil éeiil [)oui' tous, pour les vieux comme pour les jeunes, pour les poètes et pour les peintres, pour ses amis et contre ses adversaires. S'il n";i pas résiste- aux instances de !.. I*is(»ii, c'est ^\\\^^. airi\<' a la lin de sa \ie, et une occasion favorable se présentant, il cpioiixe le hesoin d'exposer une fois enc(n-e ses iilées, et de li\i(r mie sii|)ièiiie bataille aux partisans des anciens, toujours (IcIhuiI «i sniis les aimes. (Test (lue celle lu meilse (pici elle lies! pas ;ipaisée : iloraCC va mourir saiisjisoir \;iiii(ii ni ccdc, el ri'.piire aux Misons est son demi»'!' eoinhal. {"nul jeune encore, ;il(»is tpi auloiw de sa ré|>utati(iii naissante lainpaienl de liasses iiiiiiiitié.s et se lor- niaienl de teiielireiix coin plots, il :i\:ul, d;iiis l;i (piatiième satire du picniier lisre. oiinciI les lio^l dites p;ir une \l\e sortie eoiilre I .iiciliiis, dcnicic (pu se-, ennemis inasipiinenl li;ilnle- :». Ver» 5-C, -M, l.'.a, 2:1:., -iCM, •211, -iUi, .Kid, aM.>, »ï(i, 4.1(1. IXTRODUCTION. xm meut leurs rancunes el leurs jalousies. Puis, vaincu dans ce duel inégal, forcé de battre en retraite et de faire amende honorable au p^rand satirique dont il se sentait, en somme, le conlinualeur, il avait eliaiii^é son plan (ralla(|ue et jeté dans la mêlée le glorieux bataillon des jeunes recrues littéraires, les Virgile, les Yarius, les Valgius, etc., soutenus par Mécène et Pollion, contre Ennius, et Pacuvius, et Plaute, et Accius, et toute la horde des vieux poètes, poetarum seniorum tiirha^ que les Pantilius, les Démélrius, les Famiiiis, les Havius et les Mévius poussaient dans la bataille. Plus tard encore, convaincu mieux que jamais de la bonté de sa cause, fort de la confiance que lui donnaient et les exploits poéti(|ues de ses amis, et le succès de ses propres œuvres, et la [)roteclion de l'empereur, il était revenu à la charge, et la première épître du second livre, exposé complet et svstéinati citr, (icf/iii/'crc /jfinca si /uissu/// , iiividior », et » idcz/i facit (Kcidt'fiti », des mots hizaries, âza; \v;i\).vn, cinume impa- rilcr, jm'cnari, ahstarc, social ite7\ iiuniertihilis , ele.. etc.. àv- vaient sin},ndièrement irriter les advei-saires de lonle innovation, les |)ieu\ eonservaleurs des anti(|ues traditions. Mais ipi inipoi- tait à Horace? basait-il j)as sur la eonseienee et Ixissarcits, et bdibilos^ et ilhicryindhilis, et irrctorliis, et i/mr/uircsco, et hien d'autres barbarismes encoi-e? (]e n'était pas dans sa dernière œuvre, la plus sérieuse, la |)Iiis nnportanle. dans son leslaïuent littéraire. oel i(|ne opposeï- bi'iè\ «'meut les dogmes de l'école noiixelh-. ses |)riiiei|)es cl son idéal, (.est dans celle inesnrc, mais dans cette mesure seiileineni, ipu' rKpitre an\ Pisnns a (|nel(|ne aiiahi^ie a\ec un ail poélicpie. La première lè^le posée, la j;ian(h- leçon onr I (Mil- INTRODUCTION. xv leur, la grande inspiratrice, la mère et la nourrice. Il faut donc étudier les écrits de l'école socratique, creuser toutes les grandes questions de morale, feuilleter jour et nuit les modèles grecs. Ce n'est qu'après avoir bcaucouj) lu, beaucoup appris et beaucoup médite, ([ue le poète pourra se j)erniettre d'écrire. Mais à ce moment-là encore, il doit se laisser guider par la raison. Que toujours il dirige l'essor de sa pensée, et que jamais il ne s'abandonne, comme les vieux auteurs, dont les perles sont mêlées à tant de fumier, aux transports impétueux d'une inspiration déréglée. De même que l'athlète, pour triom- pher un jour aux jeux olvmpiques, tourmente longtemps son enfance, supporte le chaud et le froid, se prive de l'amour et du vin ; de même que le joueur de flûte, avant de briller aux fêtes d'Apollon Pythien, tremble de longues années sous la férule d'un maître : ainsi le poète, dont l'œuvre et le nom doivent passer les mers et vivre dans la postérité, n'épargnera ni son temps ni sa peine, ne ménagera ni les ratures ni les cor- rections, pour donner à ses pensées sages une forme parfaite : la médiocrité est interdite au poète. Il doit aimer le travail comme il doit aimer la raison. Comme la raison, Le travail est son dieu : lui seul régit les lettres; Il est l'àme de tout. Qu'il est loin du notre, l'idéal d'Horace! Et comme, pour le comprendre, il faut vraiment se faire une âme antique, revivre par la pensée à l'époque d'Auguste, devenir le contemporain, l'ami, le confident des poètes d'alors, que ne tentaient plus les hautes cimes inexplorées, et qui se contentaient de marcher pieusement dans les chemins ouverts par les grands initiateurs de la Grèce ! Pour produire sous une forme parfaite des œuvres si directement inspirées d'Homère, de Théocrile, d'Alcée, de Sapho, d'Anacréon ou de Pindare, il faut en eflet plus de tra- vail, d'intelligence et de talent, que de génie et d'enthousiasme. Il est donc très naturel qu'Horace ne nous moiiUe pas le poète emporté loin de terre pai- l'oiseau des dieux, el jclé tout trem- XVI INTROin CTIOX. blant aux j)ieds des Iiuinortels, ou ])\v\\ liô vivant sur la croupe fatale du Génie, ardent coursier, mais paisiblenienl assis devant son parchemin, entouré de livres grecs, et ne quittant le cnla- miis que pour prendre la liiua. S'il est dans \\n autre monde, comme on se plaît à l'imaginer avec Virgile, quelque charmant séjour d'outre-tombe, sedes beatie, semblable à celui où Énée rencontra Orphée, un endroit baigné de lumière, de parfums et d'harmonie, et de toute éter- nité réservé aux poètes; si ces interprètes sacrés des dieux y portent avec eux leurs idées, leurs goûts et leurs préjugés, la vie posthume d'Horace est sans doute bien agitée depuis un siècle, et son esprit belliqueux singulièrement excité. A moins d'avoir déposé les armes, — ce qui étonnerait de sa part, — confessé sa défaite et reconnu ses erreurs, il doit mener une rude guérie contre nos grands poètes romantiques, contre Alfred de Musset surtout. On ne s'imagine guère l'ami des Pisons, celui ([ui disait que pour être poète il laul rester très raisonnable, Scril)cu(li rcctc snpcie est et priucipium «t fous, faisant bon ménag(! avec l'auteur des Aiii/s (pii soutenait (pi'il n'y a point de génie sans un grain de iolii-, et (jue I.e jour où rHi'licon rrntriidrait sermonner, Sou premier j>oint serait «ju'il faut (Icrai.soiiiicr. Horace, licureiisenieni, |)(ul se c<» isoler en songeant (|Ue, de tous les illustres écri\:iins de son i(iiq)s, il est, après deux mille ans, le j)lus lu ci le mieux compris, et (pie ceux de nos poètes (pii |)arlagenl le moins ses idées ont goût»- et admiré son caiaetère lo\al et iiul(|ien(l:inl . son Ininienr jovense, sa \eive satiri(pie. Mnssel ne la-l-il pas rciieil»'- d'aNoir étrillé la vieille et vilain<- l'amille des Irelons el des imitateurs ? \ icior Hugo, in\raisenil)lal»leni(nl condamné jadis ;i eoj)ier, eoninie jKiisum, \ iiif^l fois l'odi- à IMancns el l'rpilre aux 1'i.sons, INTRODUCTION. xvii — ce qui donne un total effroyable, — n'a-t-il pas oublié ses rancunes d' écolier, pour chanter Ce bou garçon Qui vivait dans le calme et selon la raison. Et qui s'allait poser, dans sa sagesse franche, Sur tout, comme l'oiseau se pose sur la branche, Sans peser, sans rester, ne demandant aux dieux Que le temps de chanter son cliant libre et joveux ? Enfin, le plus doux de tous, celui (pii connaissait si bien le précepte : Non satis est pulchra esse poemata, dulcia sunto, Lamartine, n'a-t-il pas fait un pèlerinage aux lieux qu'aimait Horace? ?S'a-t-il pas évoqué les sons de la Ivre et chanté la gloire de l'humble affranchi au bord de TAnio, dont les eaux vagabondes arrosent toujours le petit pays où fleurissaient jadis les vergers de Tibur aimés du poète, et non loin des ruines mêmes de la villa des Pisons ? Q. HORATII FLACCl EPISTILA AD PISONES DE ARTE POETICA Huinano capili ccrNicein piclor t'(|uinain Jiingcre si \q\iI et varias iiHliiccre j)liiiiias, Ludique collalis iiieinl)ris, ul liii-pitcr alrimi Dcsiiiat in j)isrcin millier foiMuosa sii|)eriie, Sj)eclaluin adinissi i-isiiiii leiiealis, amiei .* <-5. Cette épitre s'ouvre et se ferme sur un tableau ridicule : au début, le por- trait d'un monstre; à la fin, celui d'un ])0«'tc grotesque. Il y a, de ])lus, dans les vingt-trois premiers vers, un grand luxe d'images de détail. Cela est très coloré. i. Ilumano capili Ce portrait rap- pelle par certains points celui de Scylla, fdie de Pliorkys, décrite par Virgile [En., III, 42G-427) : « Prima liominis faciès et puicliro pectore virgo Pube tenus, postrenia immani corpore pistrix.» Aussi certains commentateurs ont-ils voulu remplacer iilriiin pisccin par atritm [li.t- triiii. Mais le monstre décrit j)ar Horace n'est pas un être particulier, emprunté à la nntliologie. Ce n'est pas plus Scylla que la Chimère à la (|ueuc de ser|)ent, ou que le Triton dont Virgile a dit {En., X, 'i\i): M Frous homiuis jjr.pfcrt, in pristim dcsinit alvus, ■> ou f]ue le Sphinx à la figure et ii la poitriue de femme, ailé comme les Harpycs, et à la queue de scr- HOHlCi:, l'i'ill'.K Al \ l'ISONS. peut, comme Typhon. C'est un monstre créé de toutes pièces par le poète, comme par les artistes ces œuvres étranges que critique Vitruve (VII, 5) : Nunc pingun- tur tcctoriis monstra potius ([uam ex ré- bus fmitis imagines cert;c H.tc autem nec sunt, nec lieri possimt, nec fucrunt iVeque pictune prohari debcnt <|ii,tp non sunt similes veritati. » Cf. Quintilien, VIII, .3. Voy. ce passage imité i)ar .V. Clié- nier, Y Invention, 25-34. 2. y arias, « de différentes couleurs. » Furius siguiCe proprement « bigarré » (7îOiy.i/,o;). Voy. Virgile, Géorg., III, 264, et Horace, Odes, II, v, 11. — Inducere, a])pliquer avec le pinceau. Cf. Pline T.An- cien (//. .V., XXXV, 36, 38) : « Huic pic- tur.i' (piater colorcm induxit (Protoge- nes). » 3. {Indique collalis membiis, ablatif absolu : rassemblés de toute part. Ainsi fit Prométhée (Horace, Odes, I, x,vi, f 3- )7) : « Fertur Promctheus, addcrc prin- 1 2 EPISTUL.V AI) IMSOXKS Crédite, Pisoues, Isti laluila' l'oi'c lihnmi Persimilem, ciijiis, vcliit a'i^i'i soimiia, vana» Fing^entiir specles, iit iicc pes nec caput uni Kcddaliir forniîr. Pictorihus atcpic poells (Jmdlil)et aiidcndi senij)cr fuit aupia |)otcslas. ScMinus, et liane \eniam pctimiis(|ii(' (lainiis(|ii(' \ icissiin ; Sed non iil placidis coeaiil immilia, non lit Serpentes avibiis «^eininciiliir, ti^ribiis a<^iii. [iicej)tis gravihus plei'uiiujue et inaj^iia prolessis Piir|)ureiis, lato (jin sj)Iendeat, uiiiis et aller Adsuiliii- paniius, cimi liiciis cl ara Diauae, \A pr()j)eraiilis a(jiia' pei- aiiKciios ainhitiis aijros, cipi Limo coactiis paitirulain iiiu/i(jue Dcscctam, et insaai leonis Viin stomnclio apposiiissc nostro. » — Titrj/itcr doit se joindre à atritm et non :i desiiuit, comme Il se joint à hirtitm dans répîtrc III du premier livre (v. 22), comme splendidc ;i •nendax dans l'ode XI du troisit-nie livre (v. 35), etc. 6. Crédite est ici très fort : so_\e7. bien convaincus 7-8. Ftinx spccies, vaincs idées, sim- ples apparences (par opposition à la rra- lité) produites ])ar l'imagination. — Cf. Cicéron : « Objiciuutur s.Tpe form.T, (ju;p reapse nnll.p sunt, S|)cciem autcm oflc- runt » [De Dit'., l, xxwiij. — Fiiiffcii- lur, var. /ingitnttir. 9-10. Pictorihii.t iitijiic jtnetis Peerl- kamp s'est tromprcn voulant trouver ime contradiction entre quiillibet ('|u'il rem- place par scilirct, ce (jiii change coinj)!»-- tcment le sens et fait exprimer au poète une vérité trop évidente,) et sed non ut fjlticidis Horace suppose (ju'on lui pré- sente une objection, qu'on lui ra]>pcllc, par exemple, le mrit dclJipliilus(.///(., i;,l) cité par la plupart des commentateurs : " ('roi; Tpayiooo'.;) È$o"jtîoi "K(jti '/.iyii-i ôtiravTa xat Ttoietv |j./jvoi; • " fl il ré- pond : « Oui, le poète peut tout oser, excepté les absurdités manifestes, n t. 't. .Ser/tcntes tn'iluts, lif^iihus iij^nl.... C'est à lui-même fpi'Horace emprunte ces exemples de choses tout il fait opposées : voy. Épodcs, I, )U-20, et ,VVI, .H «i siiiv. Ce que l'oiseau redoute li' plus, c'est lo serpent : » A^'is scrpcntiuin (tlliipstis lirnet.... » : et ce qu'on doit le moins s'at- tendre à voir, c'est l'accouiilenjcnt des tigres et des agneaux ou des cerfs : « Ti- gres subsiderc cervis » ^i-IS. Inceptis griivlbns.... Après ce j)récepte général jeté au début de la lettre, qu'une œuvre d'art doit être simple et former un tout, Horace s'adresse il tous les amateurs de ])oésie qui savent (chose assez facile) faire des descri)>tions sans rapport avec le sujet annoncé, coudre un ou deux lambeaux de i>ourpre, pour éblouir les veux, mais (|ui sont inca]>ables de construire un ensemble. Il est évident qu'ici, comme dans ]>lusicurs autres pas- sages de cette épltre où se retrouvent de transparentes allusions aux vives querelles d'alors, le j)oèle songe ii quelques-uns de ses contemporains. Aussi les princi- pwix commentateurs d'Horace (Orelli, IJillenburger entre autres) su]>]>osent-ils ingénieusement i\»e l'Iiiincit Rheniim dé- signe ici un poème de Fiiriiis Uibaculus, surnommé .-Hj/iniis, et déjà critiqué j)ar Horace [Sttt., I, x, .'17; : poème prclen- ticiix sur la guerre des Gaules, dans le- (piel se trouvait une description pompeuse i\n sci's siinu- Itirc Horace choisit plaisamment le c\])rès, d'abord parce que de tous les arbres c'est le plus facile à dessiner, et puis parce que si aucun arbre n'est à sa place dans un tableau qui représente une tempête en mer, le cjprés ayant une signification funèbre convient moins que tout autre, quand il s'agit de représenter un homme échappé à la mort. Ceci d'ail leurs semble faire allusion à une anecdote racontée par les scholiastes. Un naufragé avant prié un j)eintre de le représenter pendant la temjjète oii il avait failli périr, l'artiste lui demanda s'il devait aussi ])cin»lre un cyjjrrs : « Interrogtnit niiin ex cupresso fe/lct aliquid adjici. » D'oii le proverbe grec : « Mtj ti îx x'j7rapt(7 Cf. Phèdre, Le naufrage de Simoin'dc (IV, xxi, 24) : •■ Cctcri [naujrafrfj tabulam suam Portant, rogantcs victum. » 20. Fructis enatal cxsjjcs ntivibiis. Le pluriel est ici employé pour le singulier. comme ailleurs nin'ii.e [Odes, I, xiv, 7). — Enatal, se sauve h la nage(cf. Vitruve, VI, Pré/arc; Phèdre, IV, xxi, 4 4). — L'idée exprimée par exspcs se rapporte à fructis navibus, non à eiuitat. 2 1-22. Ampkora... exit. Nouvelle image poiu- exprimer cette idée que souvent les portes promettent de grandes choses et n'en donnent que de petites, ou très diffé- rentes de celles qu'on attendait. — Am- phora, grand vaisseau de ]>oterie, contenant environ vingt-six litres. Elle avait une panse ovoïde plus ou moins allongée, terminée par une pointe que l'on ])lantait dans le sable ou qu'on ])Osait sur un support [in- citegii); deux anses s'attachaient au col et .•\ la partie supérieure de In panse. — UL'rccus, sorte de tasse à une seule anse, qui servait généralement à puiser dans un réservoir et à remplir d'autres vases [Martial, XIV, t06), était beaucoup plus petit, bien qu'une phrase de C»t.on(R. R., XIII), dont le texte est d'ailleurs très suspect, indi([ue qu'il y en avait d'une grande capacité. C'est donc la différence de taille des deux vases quie xpliquerait la comparaison du poète : on attend une grande chose, et c'est une petite qui ar- rive. Mais peut-être Horace veut-il plutôt dire que l'écrivain ])roduit une œuvre très différente de celle qu'on espérait. Pour être sûr de ce sens, il faudrait connaître exactement la forme de Vurceiis et savoir qu'elle ne ressemblait en rien à celle de Yamphora. Or, c'est ce qu'il est impos- sible de déterminer : nous n'avons sur Vurccus que des renseignements très in- suffisants. — Rota [/igularis), roue de potier, couchée horizontalement, comme une table. « La masse d'argile ccie recti. Cf. Quin- tilien (VHI, 3, 56) : spccie honi/dllitur. 26. Lcviii, comme splcndeiititi, jiliiiiii, apcrtti, disent les scholiastes. C'est In le- çon de prcsrpic tous les manuscrits. IJcut- Icy défend et n) un exemple de ces œu- vres lurgida : « ^'am ut corporis bonam liabitudinem tuuior imitatiu- sa-pc ; ita gravis oratio s:ppe impcritis videtur ea qu.T turget et intlata est, cum aut novis aut j)riscis verbis , aut duriter aliuudc translatis, aut graviorihus, quam res pos- tulat, aliquid dicitur, boc modo : « naui crducllionibus vcnditat patriani, non salis supplicii dcderit, si pra?ceps in Ncp- tunuia dcpnlsus cril Iticnnax. Pœniteat igi- turistum, qui montes hclli ftibricatus est, cam/jos sustulil paci.1, » In boc genus plc- rique cum déclinassent, et ab eo, quo ])rofecti sunt, aberraverunt, et specie gra- vitutis falluntur, nec prospicere possunt oral ion is tumorem. » 28. Serpit liumi Il n'est pas néces- saire de distinguer ici deux images jiixta- ]>osées ]>our traduire une même idée, la première rappelant le serpent qui rampe, la seconde le matelot qui affronte les pé- rils rose rpie posterieure- uieul à .Viigustc. On disait ordiuaireuu-ut liiiiidiis in avec l'ablatif : u limidus in l.diore militari « ((Cicéron, Ftim., VII, 17, I) ou ti/iiidns ad : <• non timiilus ad morteni » (Cicéron, De Fin., Il, xx, 63). Horace l'emploie aussi avec l'infinitif {Odes, m, XIX, 2). Cf. Ovide, Mèlam., V, JOtl. 2i). Unam est expliqué par variare. Vo\. le vers 23. — l'rodigialiler, d'une in:iiiii'ri' élrangi', monstrueuse, cpii tient du proénie du temps. 3t. In vitiuni diicit culpic fuga. Ribbeck condamne ce vers, comme interj)olé par un grammairien. Mais cette même idée se retrouve clic/. Horace lui-même, qui a dit (5«^, I, II, 24) : « Dum vitant stulti vitia, in contraria currunt, » et chez d'autres écrivains latins : « Est autem cavendum ne, dum li.ec gênera consecta- mur, in finitima et jiropiuqua vitia ve- niarous. >"am gravi ligur;p, qu;e laudanda est, propinqua est ea, qua> fugienda est — » [^Ad Herenniiiiit, IV, x, 4.) . Cf. Quinti- lien, X, II, tG. 32. .Hmilium circti ludiiiii Emi/tiis Indus, jeu de gladiateurs introduit par L. .■Emilius Lepidus; par suite, l'établis- sement oii, sous la direction du lanista, les gladiateurs étaient dressés et formés à la pratique de leur art. I.e litdus .■fùiii- lins se trouvait dans la huitième région, près du cirque. — Ftihcr, tout artisan qui travaille les corps durs (le bois, la pierre, les métaux, ctc.^. Il y avait le faher wrarius , ouvrier en bronze , fon- deur, ciseleur, le faher ehnriirius , le ftihcr intestiniirtus, celui qui faisait la menue boiserie destinée à l'intérieur des bâtiments, \e fithcr nculariiis, celui qui fabriquait des yeux artificiels pour les statues, etc., etc. Il s'agit ici Au faher wrarius. — Unus, supérieur à tous les autres, nniijuc en son art (cf. Sut., T, x, 44; II, m, 24; É/iod., XII, 4). Plusieurs manuscrits donnent l'/nns, les deux mots, par suite de la ressemblance des carac- tères qui les forment, j)ouvant aisément être pris l'un pour l'autre et tromper le copiste. Mais imns est plus difficile à ex- plifpirr. Les uns en font nn nom propre; pdur les autres il iu(li(juerait la place oc- cupée par la boutique du forgeron, à l'extrémité du cirque ; d'autres enfin don- nent à ce mot le sens de « très mata- droit 11, « le dernier des artistes ». — Cette leçon, comme on le voit, est grosse de difficultés. Si Imns est un nom pro- ])rc, il semble que les verbes cxpriinere et imitari devraient être au présent, non au futur. Dans le second cas, on ne voit pas quel intérêt il peut y avoir pour Ho- race à désigner, et pour le lecteur à ap- ]>rendre l'adresse exacte de l'artisan. Enfin, dans le troisième cas, il y aurait une évidente contradiction entre le mot inius jiris comme synon\me de incptns, et l'éloge contenu dans le vers suivant. Pour trancher la difficulté, Peerlkam|) propose fiihri nttinns. 33. Mol/es capillos, cheveux souples, onduleux. Pour donner cette souplesse aux cheveux, les artistes anciens y creu- saient des ondulations prononcées, des vides profonds. De la sorte, les effets de la lumière et de l'ombre faisaient paraître la chevelure plus abondante et plus riche. 'Si. Infelix, impuissant ; il essaye, mais il no peut rien produire. — Ponerc iotnni, composer un tout. Cf. Odes, IV, vili, 8. C'est la même idée qu'expriment nos statuaires dans leur langage d'atelier, quand ils disent : « poser son honhonirne, faire que le bonhomme se tienne. » 3C. Pravo, contourné, de travers. Ce mot, opposé à reclus, doit être pris dans le sens propre. — Tel est le paysan du Danube qui a « nez lorlu ». 37. Spectaiiduni, digne d'être admiré. — Nigris oculis nigroquc eapillo. Les yeux et les cheveux noirs étaient fort ajïpréciés des anciens. Cf. Horace, Odes, I, XXXII, H-12 : a Et Lycum nigris ocu- lis nig roque Crinc dccoritm. •> KI'IS ni. \ Al) PISONKS Suinile materiain vcslris, (|ui scril)ilis, ;i>(|iiam V^irihus, et versate clin quid ferre récusent, Oiiid valeanl humcri. (lui lecta potcuter erit res, Nec tacundia doseret hune nec lueidus ordo. Ordinis lispc vii-tus erit et venus, aut ei;o lalloi', Lt jam nunc dical jam nune dehentia diei, Plei'a([ue dilleral et jjra'sens in lempus oniillat ; Hoe aniel, lioc spernat j)roniis.si eanninis auetor. In verbis etiani tennis eautusque serendis, 40 45 38-72. Ce n'est pas tout que le sujet ait de riinité et de la simplicité; il faut encore qu'il rt'-ponde aux forces du i>oètc. S'il est bien choisi, il aura l'ordre lumi- neux (42-46), et les mots destinés à tra- duire les idées, mots anciens ou nouveaux, viendront s'offrir d'eux-mêmes (46-72). 4ti. Patenter, suivjint ses forces, xafà •SOvauty. (^'est la première fois que ce mot est pris dans ce sens. Horace, qui parle j)lus loin de la création d'expres- sions nouvelles et comprend qu'on se serve de mots anciens modifiés avec un sens nouveau, j)rèclic ici d'exemple, et le fera ])lusieurs fois encore. 41. \cc /acHiuîia ihyu-rel liiinc — il trouvera aisément les termes. 42. Ordinis C'est la disposition, le plan, dont le poète doit se préoccuper, une fois son sujet trouvé (invention). 4.3. Lit jam nunc {lient.... C'est bien la définition de Cicéron [De Offic, I, xi.) : u Ordinem sic deliniunt compositionem rerum ajjtis et accommudatis locls. » Cl. ad Ueren., I, II, A. 44. J'icraque, e.-it-d. permiiltii. — In prxsens, £1; t'o Ttapôv, momentanément. Cf. Odes, M, XVI, 25. 45. Hoc ainet, hoc spernat.... BeutlcN suivi par Dillenl)iir{»er, Pecrlkamp, Mul- 1er, Keller, etc., transpose les vers ■\:> et 4 6. ISous laissons ces deux vers à la place qu'ils occupent dans tous les ma- nuscrits. La pensée exprimée dans le vers 4.") n'est pas, quoi qu'on dise, la répé- tition de celle qui se trouve énoncée dans les deux vers précédents, l ne idée nou- velle, l'intérêt naturel «|uc le poète a |)Oiir «on œuvre, est inditpiée par les mots <(/net, spernat, qui ne sont j)as synonyni"< de» mots dicat, différât, omittat. l'oiir trancher cette prétendue difficulté, Rib- beck su])prime le vers. 46-72. Horace arriAC maintenant à l'Elo- cution. Le ton va chanj^er, surtout ii partir du vers 5.3, et devenir agressif. Ce n'est plus un poète didacticpie qui instruit , c'est un polémiste qui répond vivement à une éc(ile opposée, celle des anciens qui ne voulait pas qu'on modifnU et enri- chît la langue. Horace, très libéral au contraire sur ce point , et convaincu (prune langue qui ne produit pas de mots nouveaux est une langue morte, in- as ici de la construction des phrases, mais du choix des mots, il est plus probable (pi'Horace veut dire qu'un mot deviendra nouveau s'il est un com- posé de plusieurs mots connus liés en- semble (jit/igcrc-jiincttii\i], comme centi- ceps, pudi>ricoli)r, fndijragits, bellicrepa, ctc,elc. C'est d'ailleurs ce (ju'cxplique net- tement Cicéron [De Onit., IIl, xxxviii) : « yovantiir verba qu.T ab eo, qui dicit, ipso gignuntur ac flunt, vel conjungendis verbis, ut ha'c : (( Tum pavor sa|)ientiani omnem milii [exanimatn expectorai . Num non vis hujus me versutiloqiuis ma- [litias?» Videtis enim et « versutilon allant de la ceinture aux genoux : i> (^inclus est genus timic.r- infra j)eclus aptat.-p » fPor|ih. ad Hiir. .4rl . poet., v. :A)\. C'était une ]>artie essentielle du costume des anciens Ro- mains; on le retrouve sur des peintures représentant de» sujets de l'histoire pii- iiiitive de Kumv (Monuin. de l' Iiist . arcli . \, ])l. XI.]. Cincinnatus n'était vêtu que du cinctus quand il reçut dans son cbani]), qu'il labourait, les envoyés du sénat. — Cetliegis : comme Caton (Plutarque, Cat. M., VI) et comme tous les vieux Ro- mains respectueux des mœurs antiques, les (>éthégus afTectaicnt de porter le cinctus au lieu de la luni/fiie, même (piaud l'em- j)loi de cette dernière fut devenu général. C'est j)Ourquoi Lucain ap|)elle les Céthégus midi (VI, 794). Sur M. Cornélius Cé- thégus, voy. Cicéron, Brutus, XV, 59, et I)e Senect., \l\ , 50. Cf. Horace, Épit., II, II, 1)7. 52. Et nova Jictuque Non seulement on vous jiassera cette liberté, mais ces mots de formation nouvelle seront favorable- ment accueillis, et feront fortune si — Ficta, var. facta, adoptée par Bentley. 53. Grirco fonte cadent parce detorta. Des mots venus de source grecque. Mais il faut qu'ils aient été détournés avec discrétion. Quelques citations empruntées à Horace, quia pris au grec une trentaine de mots, feront mieux comprendre la pen- sée du poète : harbitos, bassareus , no- misnui. trigon, eyclieus, etc., viennent du grec, gni-co fonte cadunt; ces mots sont parce detorta, ])arcc qu'il est facile de re- connaître les originaux grecs, pâpêixo;, [i'/.nnoLÇ/f'jq, v ô jj. t a ij. a , t p i y o) v o?, •/.•JX/.'.xôî. Mais il ne faut pas donner comme excmi)les les mots tauriformis, centinuiiius, etc. ; car ces expressions ne sont pas «lérivées du grec, gnrco fonte detorta, mais composées à l'imitation du grec (t a 'j p ô |i. 0 p ç 0 ;, i y. X T ô Y •/ E '. p 0 ; avec des mots latins. — Cadent, var. ai- dant. 5i. Circdio Plautnquc un Plante, un (;.-pcilius. Horace choisit parmi les anciens ecux qu'il méprisait le plus, et 8 EPISTULA AD PISONES Ylrgilio A arioquc? Ego cur, acquirere paiica Si possuin, iiividcor, ciim liiigua Catonis et Eniii Scrinoncin |)ati'iiiin tlilavcril cl nova roniiu Nomina pi-otiilcrit .' Licuil seiiipcrcpic li('('l)il Sigiiatuin praescntc nota jjroduccrc iiomen. L l sIlviT foliis pronos niulanlur m annos, Prima cadunt : ita vcrljoruin velus inleril a'ias, 60 j>:inni les modernes ceux qu'il ;iim;iit le mieux. Du reste, C;rciiius nvait la répu- tation d'écrire mal : Cicérou l'appelle ma- lus tiuctor liitinitiitis (jid Jtt., VII, '.) ; cf. Bintiis, LXXIV). r)ô. f'ariofjitc.\ariiis, ami de Virgile et d'Horace qui a souvent parlé de lui : voy. Odes, I.vi, J ; Sut., I, v,40 et 90; ix,2:j; X, î>3;Éj>tl., II, 1,247. Il avait l'ait un pnénic épique, Df morte... (?), et une tragédie, Tliyestes, qui lut re]irésentéc à la fètecom- mémorative de la bataille d'.A.ctium, et pour la(juclle Auguste donna à l'auteur un million de sesterces. — Les quelques fragments qui nous restent de Varius ont été publiés i)ar llibbeck dans les Scenicx Romanorum poesis fragmenta (1852). .'ib-ôG. Effo cur acquirere pauca si j/ossum, invideor Ici Horace, se mettant en cause, répond avec vivacité à ceux qui lui avaient reproché dos innovations grammaticales. C'est que non seulement Horace a introduit - larc a parlé ailleurs [hpît.. Il, II, H7) des mots employés, mcmorala, par les datons et le» Cétliégus. Ici, il 1.1 pliis loin, et parle des mots créés par lis \iru\ auteurs. Comment la langue de C.ilori a-t-elle enrichi le latin? Il reste de cet écrivain trop peu de chose pour qu'on puisse le «lire. — Mais nous connaissons les mots introduits par Knnius. Les uns sont tirés du grec, comme poeta, aer (qui conserve à l'accusatif la forme grecque iicra^ ; les autres sont des mots composés, tels que altisonum, hellipotens, sapicnti- poten.^ ; d'autres enfin sont tirés de la langue même, comme cauponarc,oscitare, rcx, etc. 57. Ditavcril s'oppose :i pauca. Ô'.l. Signiitum.... producere noincn..., donner cours à des mots portant l'em- preinte de l'époque présente, comme les triumvirs monétaires j)ouvaicnt mettre en circulation «les monnaies à cmjireintes nouvelles. Bentley, voulant continuer la métaphore, j)roposc procudere nummum. Mais ce serait faire exprimer par Horace une vérité trop évidente : il n toujours été permis de faire de la nouvelle mon- naie; tandis que dans le vers, tel (pic le donnent les manuscrits, nous trouvons l'affirmation énergique et courageuse d'un droit alors contesté. (10. Ifi siifirjoliis.... Horace conij)are la destinée des mots arcn- tlii'se cpii ne dépend pas de ut. Horace nr veut pas diie, comme le croient Dil- leiiliurgcr et d'autres commentateurs, et comme re\|di(pienl M. Patin et «l'aiitres tr.idurleurs, (pie les premières venues tom- liciil les premières : telles ne sont pas les lois niiliuairrs de la nature; les feuilles HE \RTK POKTICA. Et jiivommi rilii lloroiil inotlo natji vigciiUiiic. Debeinur iiiorli nos uosLra([uc : sive rcccptus Terra Neptunus classes A([iiilonll)iis arcet, Régis opus, stcrllisve diu palus apla(|ii(> remis Vicinas urhos alit et grave sciilit aratrum, Seu ciirsum imilavit initpmin fVugilnis ainnis, DooUis iler mclius; mortalia iacla perll)iiul, Ncduin s(MMiu)iuiin sict lioiios et gralla vivax. Milita rciiasccMtui' (pwp jaiii cecidcre, cadent(pie Qiiœ iiuuc siiiiL in honore vocahiila, si volet usiis, Qiiem pênes arl)ilriuin est et jus et nonna loquendi. 65 70 nées aiicoinincnccincnt (lu priutcmps toiii- bent à la fin de l'automne, et les dernières venues meurent souvent les premières. Prima est ici simplement synonyme de {•etera : les vieilles l'euilles tombent; ainsi périt l'ancienne génération des mots — 62. f^igent, var. virent, figent est pré- férable parce que, comme Jlorent, il peut s'appliquer aux jeunes >^ens,jiivcniim ritii. 6'.\. Dehemnr morti.... Idée cliére à Horace. Voy. Odf.i, M, m, 25, et xiv, 21 et suiv. — Cf. Simon ide : Ox/aTd) 64. Terra Xeptunus C'est le port Jules, que créa Agrippa en 717, par la jonction du lac Lucriii au lac Averne, et de tous les deux à la mer, afin de donner un bon port dans la mer Tyrrhénicnne a Octave ays; mais son véri- table bienfaiteur fut le pape Pic VI. — Diujxi/us C'est la le<;on de tous les ma- nuscrits. Il y a là une faute de quantité, d'autant plus singulière qu'Horace pou- vait .'lisément l'éviter en mettant, comme le propose Bentley, sterifisi-c j'aliis prins. (!7. Seu cursuin inutavit — Il s'agit du Tibre. Auguste élargit et creusa le lit du fleuve ({ne des édifices écroulés avaient rétréci, et depuis longtemps obstruaient (Suétone, Octav., XXX. — Cf. de Rossi, Fiante di Rnma, p. 3o). De la sorte, il l'empéclia pour quebpic temps de ravager ]iériodirpiement les bas quartiers de la ville et les cami)agHes avoisinantes. Il tenait si fort ;i arrêter ces désastreuses inondations qu'il avait constitué une com- mission spéciale : les curatores alvei et riparu/n Tiheris et cloacarum urhis. ()K. Mortalia J'acta Fada est op- posé il sermones. Mais c'est encore une liberté m- 10 Ki'is II I. \ \ I) i'isom:s Res gestae regimujue (lucuin([iie et tnsli;i hella Qiio scribi posscnl iniinei'o, inouslrax il lloiiierus. ^ crsibiis iinpariter juuclis qucrimoiiia priinuiu, Post eliam inclusa est voti sententia eonipos; Oiiis laiiu'ii eviiriios eleiros einiseril auctor, :5 montrer la soiivcrainett- «le l'usiigc, qu'ail- leurs [Épit., Il, II, JI'Jj Horace appelle aiiilacieuscnient genitor usas. La première roinparaison, tirbitrium^ est empruntée à la jurisprudence : c'est la sentence arbi- trale de celui e|ui décide d'après les lu- mières de l'équité naturelle. I.a seconde, jus, est empruntée à la religion, le mot jus faisant à l'orij^ine partie de la langue religieuse, comme le prouve le motyu- rare. La troisième enfin, rioniia, équerrc, est emj)runtée à rarcliitecture. On voit en quels ternies hautains, île quel tou tranchant Horace veut imposer l'usage comme maître absolu des langues. Il a raison. Mais à l'époque ou il écrit, la question était fort discutée les uns étaient contre l'usage, les autres pour. Ce sont ces derniers <[ui triompheront; et Quiutilien pourra écrire sans crainte d'être contredit : « Consuetudo, certis- sima loquendi magistra. » l'i. Ici se terminent les préc<'ptrs gé- néraux sur l'invention, la di->p(j>ition, l'élocution. Horace passi- aux diU'erentes espèces de poésie, cl d'abord aux mètres qui conviennent à chacune d'elles {1^-h:>). Ce passagr- a une grande imiiortance, le mètre étant, rhe/. les anciens, l'essence même de la poésie. 74. Quu SCI ilfi /tassent numéro — (^est l'hexami-lrc, appelé par Arislote to T,p(i)i- xiv. O. Muller (/////. lie la lut. grecque, 1, 611^ fait remarquer ipic la longueur de ce ver» (de là l'expression versus longij, la pause il la lin, l'alternatinn entamètre. — Queriinonia. X. l'origine, en efTet, l'élégie paraît avoir été un chant rimitif £').£yo; a la si- gnification fixe d'une plainte. C'est ainsi (jue, chez .Vristophane, le rossignol en- tonne un t'iegos sur la perle de son Itvs chéri, et ipi'Kuripide en fait chanter un j);ir Halcvou sur son époux Céjx ■• (O. Muller). .Mais bientôt l'élégie chan- gea de caractère et traduisit les senti- ments les jdiis divers, entre autres les joies de l'amour heureux. 7fi. l'oli sententiti com/ms, les énio- lions de l'amour qui arrive ii ses fins. Mimnerme de Colophun (voy. Horace, J:'/>il., I, VI, ti.')) est le premier qui ait écrit des élégies amoureuses. C'est lui qui a dit : » JTii ôï fJt'o;, TÏ ûè T:pitvov xiep ■/p'jTSï); 'AçpoôÎT/;;; 'r£')vxiï)v ot£ [xot |j.r,xiTt TaOïa \iu.'n- " — Sententia, ex- pli(pie (Juiutilien (VIII, à), voulait dire, dans le langage d'autrefois, ce (pi'on seul, ce cpi'ou éprouve inlimemenl. Ce n'est ipi'ajires avoir été un senlimeul, que ce mot est devenu une conception de l'es- prit, et a fini par exprimer aussi une courte pensée qui contient un trait bril- lant. — Inrlusa est (/est le terme exact, |>uis(pie rhaipie ilislitpie doit ren- fermer un sens complet, l'enjambement étant inlerilit. 77. lisigiiiis . Ili>rare ne parle ici osterieure. Voyez les dilTérenls mètres archiloquiens imités par Horace, Odes, IV, vu ; Epodcs, XI et xin. 80. Hune iocci cepere pedem — Lr bro- dequin et le noble cotliurne prirent re pied. Volontaire ou non, le jeu de mots y eut, assez joli d'ailleurs. 81. Altevnis aplum sermonihus. Aris- totc [Poét., IV, <4) et Cicéron iOraior, LVII, 19 1) remarquent qu'où fait beau- coup d'ïambes dans la conversation. C'est le premier de tous les mètres qui se soit acclimaté .t Rome. 82. Populares vinrent i-m strepitus. Ho- race parle ailleurs [Éptt., II, I, 200) du bruit dont retentissent les théAtres. Plaute, avant lui, s'eu était plaint dans ses pro- logues. — ytitum rébus w^i-ndis, né pour l'action. C'est l'expression même d'Aris- tote [Poét., XXIV, l(i):« l'ïambique et le tétramètre étant pleins de mouvement, dit-il; celui-ci convient il la dause et celui-là il l'action. » 8.3-85. Musfi dedil.... Horace énumérc dans ce passage les diflérents genres ly- ri<|ues : divos piierosqiie deorum , oiO'j- ùn^looi et û(j.voi, comme l'hymne de Saplio il .^^pluodite ; £c pugilcm viclo- rem, el eqttum certamine primitm..., les Èîî'.vtx'.a; el jttvenum curas, les spwTixa; libéra vinu, irapoivia et cxoA'.a. Horace oublie les Ôp'V'Oi. 86-H8. .\près cette revue des diffé- rents mètres, Horace va parler du langage et du ton qui conviennent ii la poésie, et de la distinction des genres ; comme il s'occupe surtout de poésie dramatique, c'est dans le lliéàlre cpi'il prendra ses exemples. 80. Descriptas servarc vires, conserver les fonctions fixées, réglées d'avance, pres- crites. — Operumqtie rolnrc.i, le caractère. 87. Si neqtieo, « per naturam, ilit .Vcron ; ignoroque, per artem, quaiii non didici. » Remarquez le ton vif, agressif «le tout ce passage, oii il semble bien qu'il) ait autre chose «|iie la simple exposition d'une iheo- ric lilléraire. 12 ~ EPISTULA Al) PISONES Cm* ncscirc piuleiis pravc (|iiaiii discoro inalo? Vcrsil)U.s cx|)oni trai^icis rcs coniica non viill : Indignât iir item privalis ac prope socro Dienis ranninil)us narrari cœna Tlivoskr. Singula quaequc locum loncani sditita (Icccnlei". Interdmn lanicn et voccni coinœdia lollit, Tratus((iic (Hircines tumido dolitigal oro. Kt Iragicus plcrmntpio dolct scrmonc pcdfslri Tclephus et Peleus, eiiin paiiper et exsid iiter(|iic 90 9^ 89. reisiliis ex/'oiii iragicls. Il ne s'.ifjit pas ici osaut dans la tragédie, simple, naturel dans la comédie. C'est ce qu'indique Ouintilicu : « Sua cuique i)ro])osita lex, suus cuique décor est: nau> coinœdia non cothurnis assiirgit, ncc contra trago-dia socculo ingredifur » (X, H, 2 1). — Non viilt, expression nette et ferme : c'est liicn là la régie, le précepte. 00. Piii-atls. Privatus est ci'lui qui mène la vie de ])articulier. Curminu prU-iita sont les poèmes où il n'est ques- tion ni de rois, ni de dieux, ni de t\rans. 91. Corna Tliyestx. Horace choisit un des plus horribles sujets de tragéoète ajoute la ])articulc de qui augmente ou j)rive , et ici augmente, connue dans debncc/iaii, dcprwliari, dclnmenlari , etc. '.•.">. Dolet Sfr/nonc pedrslii. C'est ce (pi'a souvent fait Kiiripide, et Aristo- jiliane le lui a vivement reproché. Non seulement il montrait ses jiersonnages, Télèplic entre autres, se lamentant sur la scène, mais encore il les habillait de hail- lons. Voy. .o"J[iÉvr; raTTr,p, ày' r,; or, tA'i-% y-'yvETai v.av.à..., » etc. — Pe- lée, fils d'Éaqiie, fut expulsé d'F.gine pour avoir tué son frère Phocus, et de Phtia, où il s'était réfugié et où il avait épousé la ûlle d'Eurythion, pour avoir, pendant la chasse du sanglier de Cal\- don, invidontairement tué son beau- père. Les aventures dramatiques de ce héros ont également fourni à Euripide, comme à Soj)h(jcle d'ailleurs, la matière d'une tragédie, Pèlcc. C'est à cette pièce qu'Horace fait certainement allusion ici. Cf. .\ristote, Poét., XVIU, 2. 97. Projicil (im/>iil/iix..., jettent aux spectateurs des phrases ampoidécs. /irn- yulla, fiole au col étroit et à la panse arrondie, qui servait surtout à porter l'huile parfumée dont on faisait usage dans les hains. De même que les Grecs employaient le mot ),r//.'jOo;, vase ii par- fums, pour désigner le style trop ornr, parfumé en quelcpie sorte, d'un écrivain, de même les Romains employaient le mot rt/;i/7////rt pour désigner nn style et un lan- gage boursouflés, gonflés, comme le corps globuleux d'une ampoule. Cf. tjiit., I, III, ^^. — Sesqiiifiedalia verbu. Aulu- Gelle (XIX, 7) cite quel(|ues-uns de ces mots qui n'en finissent \y,\s:tri.t^clisencx, ilttlciorelofjuus, siihductisuperciliicaptores, etc. Ce» mots sont empruntés à la vieilli- langue latine, et les |)artisans des anciens cherchaient au temps dWuguste ii les re- mettre en honneur : ce »pii permet de sup- l)oser qu'ici Horace fait le j)rocès à la fois aux poètes anciens, Ennius, Accius, etc., et à ceux de ses contemporifins qui s'es- sayaient à les imiter. Cf. Juvénal, I, S, et Perse, y, 13 et suiv., et 1,7«. 08. Si ciirtit cor... sert de transition, et prépare les vers qui suivent. 99. Pulchra, comme cnicniliitii, sans dét'aut, faits selon toutes les régies de l'art. Bentley préfère à tort pura qui ne s'oppose pas à iliilcia. Cf. Epit., II, 1,7-. — Dulcid, touchants, •I/v^ayojy'.y.â, tait- gere cor, est expliqué par le vers suivant qui lui sert de commentaire. t(il. Ad/lcnl est une heureuse correc- tion de Bentley, qui a trouvé adjlant sur un manuscrit. Adsunt est le texte qu'A- ci-on. qui explique ce mot, avait sous les veux. Mais on ne con<;oit pas bien que la jiremiére partie du vers ait un sens tout piivsique. ridcntibus arrident, (on rit avec ceux qui rient), et la seconde un sens mo- ral jlcnllbus adsunt (on sympathise avec ceux qui pleurent). Horace pose d'abord une règle ])hysique, et il va tar Quinti- lien. Voy.VI, il, 27 : <• Siinus ipsi similes corum, qui verc patiuntur, alTectibus : et a tali animo proficiscatur oratio, qua- lem facere judicem volet. An illc dolebit qui nudict me, qui in hoc dicam, mm dolenlem? Irascetur, si nihil ipse, qui in iram concitat se id(jue exigit, simile j)a- lietur? siccis agcnti oculis lacrymas da- bit ? fieri non jiotest. Nec incendit, nisi ignis ; nec madescimus^ nisi humore. » K'Â. Perse, 1,91 : » Plorabit,qui me volet incurvasse cpierela. " ik EPISTULA AI) IMSONES Tclcplio vol I^'lc'U : inale si ni;iiul;il;i l()(|uens, Aiil (lonnilaho ;iut ridcho. Ti'istia iiKosliim \ iiltinn vcrija dcccut, iratiim ploua iniiiaruin, rAidcntcin lasciva, scveriiin scria diclii. Format onim iiatui'a prius nos intus ad oiniu'iii I-'oi"lunai"um liahlluin : jii\al aiil imprllit ad iiMiii, \iil ad liimiiim inaM'ore gra\i dcdiu il cl aiii^it : l*ost ollcil animi moins inlerprclc liiii^iia. Si diceutis criinl toi'tmiis al)soiia dicta, Homani tollciit C'(|uiles pediles(|uo cachiimuin. Inlcrciil innlliim di\iisiic l()(|iialiii- an lici'os, MatiirusMc scncx an adliuc lloiciilc jiiNcnla ii5 <0i. Mule iiKindatii Si le poi-te vous a confié iia mauvais rôle, s'il vous fait (lire des choses qui ne sont jias en rap- ]>ort avec les sentiments tpic vous . Aut dormitubo (lut rtdeho Ces mots ont été cités ])ar Bossuct, qui, dans ses Miiximcs et réjtexions sur la coincdic^ commente tout ce passage et s'en fait une arme j)our condamner le théâtre : « Le premier principe sur lequel agissent les poètes tragiques et comiques , c'est qu'il faut intéresser le spectateur, et si l'auteur ou l'acleur d'une tragéas dans le froid, dans l'cnnuxcux, dans le ridicule, selon les maîtres des régies de l'art ? Aut dormitiihn, nul ridcho^ et le reste. » 107. Severuin scriti. Sevcrus se dit sur- tout des personnes , scrius «les choses. Cependant ils se prennent cpielipiefuis l'un pour l'autre. D'après Dôderlein f.V) - noiiyincs) serius serait un iléi ivé de ncvcriis contracté en seiui. <08. Format cni'iii iiatura prias. ... La nature dispose d'avance (prias opposé a yost du vers Hl)sel(m nus situations..,. Ad, comme tccuitduin. l'A. C'icéron, ilc Orat., IM, r,7, 'l\r>. loti. Juval, non» cmnlile de jiiic. l'.x- pression rare dans ce sens-l.i. /'/., 11. l, IS7), Ho- race opj)ose plehi-cala à équités. Ici, la réunion des deux mots rend la pensée très claire, quoi qu'en dise Bentley (jui pro- pose : equilesqae patresque. 114. Dirusnc loqualiir an licro.^. C'est ainsi que lisait Acron, et cette leqon est adoptée ])ar les principaux commenta- teurs. Quehpics-uns préfèrent Davus que donnent cpiclques manuscrits, et qui ex- ]>lique hien le intererit mutluni : il \ n évideuïment une très grande didérence dans la manière dont parlent un héros et un esclave. D'autres proposent, soit : Da- i-iisni- loqualur /irrusiie [l.nniVm.), soit : Dcr- K'usnf loquatitr Erosne (Lanib.), soit(//V<"j/ic loqualur an [ras (Krasme). J'ado])te le texte d'Orelli, mais non pour les mêmes raisons que lui. Je préfère divus, dit-il, parce qn_'il ne s'agit ici que de la tragédie. — C'esi une erreur, car dans les vers «pii précèdent, les mots ludenlrm lasciva s'ap- pliipient il la comédie. Si donc il n'y avait qu<' cette raison ii faire valoir, on jxiur- rail adopter Uavus, . Nouveau précepte : le poète qui met des personnages sur la scène doit leur consen-er leur caractère traditionnel, si ce sont des héros connus, ou les lais- ser jusqu'au bout tels qu'ils auront paru o.'/., XVII, li. <2.1. Invictii, parce que méprisée par Jason qui va épouser la fille de Créon, et chassée ignominieusement, elle ne se laisse pas abattre. — Ino, fille de Cad- nios et d'Hermione, poursuivie par son époux .^.thamas se précipita dans la mer a\'ec son fils Mélicertes. \i\. Pcrjidtts Ixion. Perfide, j)arce qu'ayant promis de magnifijpies présents de noce à son beau-père Deïoncus, il ne lui tint pas ])aroIe ; mais l'ayant traîtreu- sement invité à un festin, il le précipita dans une fosse remplie de feu; et aussi ])arcc qu'ayant été admis ])ar Jupiter, (|iii lui |)ardonna son forfait, dans la so- ciété des Immortels, il poursuivit Junun ays situés au nord ou à l'est de la Grèce. Il est étrange «le trou- ver, à coté d'épithètes qui toutes tradui- sent un état moral, ce mot vaga qui ex- prime une situation physique. — Tristis Orestes, sombre , j)arce rpi'il esl /iiriis iigitatus. <25. Si tjuid incxpcrtiiin. C'est le droit absolu du poète : Aristotc l'admet ; à propos de la Fleur d'Agathon, tragédie tout imaginaire, il dit : u Là, tout est in- venté, les choses et les noms, et la pièce n'rn l'st pas moins intéressanlc. ■> i6 KPISTLLA AD PISO>"ES Personam forinaro iiovani, sorvclur ad iimiin Qualis ab incepto processci'it, ot sibi coiistcl. Difficile est proprie comniuiiia diccro; lu(|ii(' Rectius Iliacum carmcn (Icducis in ad us, Quam si proferres iii^nota iiidi(la(|iie priimis. Pul)li('a maleries piivall juris cril, si Non cii-ca vilcin paliiliiiiunic inoi-ahcris orhcm, Nec verbo verl)uni eurabis reddere li(bis Interpres, née desiUes iinitalor in arclmn, Unde pedcin pioferre piidor velet aiil operis le\. Nec si(; iminics, iil scnplor cn cliciis olim : 4 26-127. Servcliir ml iiiiuin... cl si/)i constet. « A l'égaid des mœurs, dit en- core Aristote, il \ a quatre points à ob- server..., le quatrième est régalité. En effet, quand même le personnage serait d'un caractère inégal, ce caractère une fois donné doit être également inégal. » •<28. Dif/icilc i-sl pinj/lie cnmmnniti tli- cere... se rapporte à ce qui précède, aux sujets qui n'ont point encore été essayés: il est difficile de dire d'une laçon qm vousjioit pr<)j)re cç qiii, n'a\ant été dit par personne, appartient à tout le monde, communia sunt ; de tracer, ])ar exemple, un caractère (pii existe dans la nature, mais (lui n"a pas encore été traite. ('. est bien le sens de commitiiii : « Communia diciinus, dit le Digeste, qii.e a nemiiic sunt occuj)ata ac possessa. » Les siijcl-i inventés 9H, iors- »|iie parut la tradmtion d'Horace par Dacier, à une «jiierelle liltéraire soulevée jiar Charles de Sévigné. Voyez, dans l'édition des Grands Ecrivains de la France, Mailamc ilc Sévif^nc (tome XI, pp. 2l)5-.'j;jHj, les pièces du procès. {•!'). Rcctiux lliucum ciirmcii. Klaiit J'crres,m\] semble indi(|iier un bl.'iiiii', Horace laisse voir son opinion. 4.3 1. PublicK malerics Il faut sup- poser ici une (dijerlioii : mais, ilira<;-lii, il n'y a ni intérêt ni mérite à traiter des sujets connus, déjà rendus publics, yu- blicii, pnHicatii. « Détroinpe/.-vous, re- prend Horace, un sujet déjà traité vous a]>particadra en particulier, sera origi- nal, si... etc. » Le sujet i^ Androinaifuc, par exemple, était pnblica miitcrics : Eu- ripide et Racine l'ont fait priviili jiiiig. J'rixdlut s'opi)ose à pul>licus, comme pni- piiiis il communis. I3;t. Nec i'crbo verhum. Ceci semble à l'adresse des anciens poètes, comme ]",ii- niiis : ils traduisaient souvent mot à mot des jiassages entiers des tragiques grecs. Var. f'crhum vcrhii. l;ii. In aritum, opposé à puCuto oibi . Celui (jiii imite de tro[> près son modile n'ose plus (jntiliir vctnt) rien changer, car il n'a plus confiance en ses |>ropres fciices, et il ne le |>eut plus (^ojicris iex), car il a diiiis la jiremiere partie trop fait (i-iivre .le copiste pour avoir chiiis la Miite la liberté d'èlrc lui-même. Ktii. VtT sic incipics. Il y a là un luan- (pie complet de transition. De la ma- nièri! de composer une tragédie, Horace passe l>riis(piement à la fa(;(iii de com- mencer une épopée. Ces dix-sept vers (i:ir>-l.">.l) ont fort embarrassé les crili- (pics ; quel(|ues-iins ont |iroposé de les r<'piirt('r soil à la suite du vers 37, soit a la suite du vers \\. S'il fallait absolu- ment Iroiner une suite dans les dévelop- pinniits du poète, et rallaclier ce pas- sade a celui (pii précède, ou pourrait traduire : ne vous croje/. pas obligé d'être point (idele (pie ^oiis dévie/, fane DE ARTE POETICA. « P'ortiinam Priami cantaho etuobilc bclhiin. » Quid (lin^iuim tanto fcrct hic promissor liiatu? Partiu'iunt moules, nascetiir ridiculus mus. Quaiito rectius h'ic, qui nil uiolitur inepte : « Die milii, ^lusa, virum, eapla^ post tempora Trojœ Qui mores liominum mullorum vidit et urbes. » Non fumum ex fulgore, sed ex fumo dare luccm Cogitât, ut speciosa dehinc miraeula promat, Antipliaten Seyllanique et cum Cvelope Cliai-vJidin. Nec rcdilum Diomedis ah intei-itu Melea^ri. Nec gcmino l)elhuu Trojanum oi-dilur ah ovo : Semper ad eventum festinat et in médias res 17 lio 14.1 comme le scriptor cyclicus.... Mais il vaut mieux penser simplement, comme dit Sanadon, i\n « Horace n'a prétendu que jeter dans cette lettre ses [jrincipalcs réflexions sur la ])oésic, dans l'ordre où elles se présentaient sous sa plume. » \Z1 . Fortunain Priami.... O. Midior {^Littérature grecque, I, p. 1.32) croit .i tort qu'Horace fait ici allusion a \n petite Iliade de I.eschés. Ou ne connaît j)as l'auteur de ce début. Pcerlkamp, qui ne lui trouve rien de ridicule, met plusieurs ])oints à la lin du vers, sous j)rétexte que le ridicide était dans les vers suivants. .Mais Horace n'aurait pas manqué de les citer : comment le lecteur pcut-il voir le ridicuW de vers qu'on ne lui cite ])as? Il esl^rohahle que pour Horace le ridicide consistait moins dans le vers lui-même (sauf peut-être le Kjurd et majestueux cantabiy)-, que dans la j)rétcntion exprimée par le poète «le raconter toute la guerre de Troie. <;t8. Tanto Itiatu. Il faut en effet ou- vrir grande la bouche pour prononcer cantabo.... 1.39. Partnriunt montes C'est le proverbe grec : "Qo.vEv opo;, eî-a |jlOv aîtéxEXev. Lucien {.Manière d'écrire l'his- toire, 2.3) compare les petites histoires rommcnc^ant par de solennels débuis à o;. " — Var. l'arturient ; mais le futur est inutile; les verbes en io indi- HORACF., KI'ÎTKE AUX PISO>S. quant un désir, l'indicatif /'rt/^H/Zo est en parlait rapport avec le futur nascetur. 141. Die mihi, musa, virum. Horace essaye de traduire en deux vers les trois premiers vers de VOdyssée,- mais sa tra- duction est plate et incomplète : il ne rend ni îroAÛrporov, ni [;.â>,a TtoXXà ■Kliy/Jiq. — Tempora, var. mœnia. Au- sone cite ce vers avec mœnia. 14.5. Antipliaten, roi des Lesfrvgons anthropophages, détruit les vaisseaux d'ilysse, sauf un seul, et massacre ses compagnons [Odjs.<:ce, X, 100 et suiv). Charyhde et Scjll.i, monstres marins qui habitent le détroit de Sicile. Scjlla eut le monstre qui déchire, Charyhde celui qui engloutit [Odyssée, XI[, 73 et suiv.). Cf. Virgile, u£n. , 1I[, 420 et suiv. — Cyclopc : voy. Odyssée, IX, 187 et suiv. Ii6. Nec reditum Diomedis Dio- mède, fds de Tydée, neveu de Méléagre, dont l'histoire est en partie racontée par l'hœnix, au XIX' chant de V Iliade. L';iu- teur de ce poème interminable serait An- timachus. 147. Nec gemino..., et ne commence pas l'histoire de la guerre de Troie à la naissance merveilleuse d'Hélène, sortie comme ses frères Castor et Pollux, d'un œuf pondu par Léda qu'avait séduite Ju- piter métamorphosé en c\gnc. 148. In médias res. C'est ce qu';i fait Homère (qu'Horace ne j)erd pas dical, /Etatis eujiis(pie notandi sunt tihi nioi-es, Mohilil)iis(pie décor natiuis dandus el annis^^ Redderc qui voces jam scit puer et pede cerlo Signât humuni, geslit j)aiil)iis coIIikUm-c cl irain (loliigit ac ponitteniere et mutatur in lioras. Imljcrhus juvenis tandem custode remolo Gaudel ctpiis canil)US(pic cl aprici graininc canq)i, Ccreus in vilium flccli, monilorihus aspcr. i55 iGo f|ucli]iics mots (l'entrée introduit aussitôt un liéros ou une femme ou quelque autre personnage, et chacun avec son caractère déterminé. » 151. Atqiic ita mcntitur Horace imite encore .\ristote qui dit [l'oél., XXIV) qu' « Homère apprend aux poètes à mentir comme il convient ». 1.53. Tu C'est l'alné des jeunes Pisons. — Horace revient à la tragédie et à la comédie; et dnn.s un j)assage inspiré encore par Aristote [I\lict., Il) rccr)mmandc au poète drainaticpie de marquer avec soin les mo'urs j>roprcs à chaque âge, et les caractères chan- geants, selon les années, de notre mohilc nature (l 5;t-l7!)). \h\. Si pliiusorîs Mot liicn préfé- rahle \\ fiiutoris que pro|)ose IJentley pour éviter la redite : plniisoris, plaiidite. Fini- tor désigne im claqueur pavé, et Horace ne jiarle ici que des admirateurs sin- cères.— yjiilifti, rideau employé dans les théfttres jiour dérrd)er la scène aux \cii\ jles spectateurs. Knroulé autour d'un cy- lindre dissimulé en has dans li- hricpie- lage du devant de la scène, le rideau .«■ hiiistiiit rpiand la j)irce commençait ; nii- lœ/i preniiintitr (Horace, A'/'iV., II, I, IHH ; rf. Apulée, Mit., X, J», 25.1), cl sir /avilit il la fin île Vue U; : il iil«'(i tollunliir{{)\n\v , Mitnni, \\\f JM-IH). Ce rideau élail ordinairement hrfxié et couvert do ligures. Voy. Virgile, Ccnrg., III, 2.'i. 155. Cniitor, yopZ'JTfii, le personnage désigné dans les manuscrits par la lettre (1). C'est lui qui ap]>araU à la fia des jiièccs de Térence. Dans Plante, ce rôle est souvent tenu par le principal acteur, le doiniiius f;rcgis. C'est lui, |)ar exemple, qui dans le Stivhus, le Pscudolus, les Mt'- ncchmes, le Merciitor, etc., et surtout dans les C'tipti/s, Ciisina, Asiniiria, etc., est chargé, au nom de la troupe {ciitrn-ii), de la ciiptiitio hencvolcntitr. — l'Ininlllr est la formule usitée. Dans Piaule ou trouve aussi /i/misum iliitc, cliiruin pliiusnm iliilc, itohix cliiic iiftplaiidite, etc. 1"./'. Driitr. C'est la heauté qui résulte des pro]iortions harmonieuses d'un tout. — Miihilihiis niitiiris et iinnis, notre na- ture qui change avec les années. — Var. niiitiiris (llentlej). I ."iK. Et pcdc certn si^iiut liiiiiiiim, "«pli maripie assurément la Iitic de ses pas » (llegnier). 1 fi I . Im hcr lui v . \ a r . iiii lui his . Cf. É/iît . , II, I, H5. Ifi2. diiiidet cijiiis Uegiiier traduit il tort : •< Il se plaît aux chevaux, aux chiens, à lu ninijuipiir. « Ciiitipiis ici de- signe le champ de Mars. Ili:t. Mniiltoriliiix itspcr, . Ne coram populo.... C'est pour- tant ce que Sénéqiie a osé présenter au» 20 ElMSrn.A AD PISONES Aul huinana |)alam (-(^(lual e\la ncrariiis Alreiis, Aiil in av(Mn l^iocnc vcM-tatur, Cadmiis in angucin Quodtnmquc ostciidis iiiilii sic, incrcdiilus odi. Ncvc ininor iicii sit quinlo prodiiclior acUi Fabula, (jUtT posci vult et spcdala rcponi ; Ncc dcus iiilcrsit, iiisi di^mis vindicc iiodiis liicidciil : ncc (piarla lo([iii persoiia laborel. Acloi'is j)ailcs clioriis ornciiiiiKjUO virile 190 veux. Voy. le V" acte de 3/iVcV, v. ".175 et siiiv. ifil. Aut in mem.... Ce ne sont pas seulement les spectacles sanglants cpi'il faut « reculer des yeux », mais aussi les choses incroyables. Racontés, les uns ex- citent moins d'horreur, les autres moins de doute. — Procnc. Sophocle avait pro- baiilcment traité ce sujet dans sa tra- gédie de Tcrée. — Cadmiis, titre d'une tragéflie d'Kuripide que signale Proltiis (ad Virgil., A'/., VI, 81), et dont Hcr- mogéncs cite deux vers [Rhét. i^r., III, 4 80). — Piocné^ fille de Pandiim, roi d'Athènes, et sœur de Philoméle, fut changée en rossignol (voy. Ovide, M<'t., VI, M*) et suiv.). — Cii'/'iius et sa fciunic Hermione furent métamorphosés eu dragons et transportés par Jupiter dans l'Éljséc (voy. Ovide, Met., IV, 5«^ et suiv.). 189. Nci'C minor.... Il s'agit ici de la tragédie romaine; car <■ la tragédie grecque, dit <). Mullcr [Littcntluic grec- que, II, "iOT; est divisée en pm/oj^'ue, c/>i- sodcs et cxndc. Aucune mesure extérieure du genre de celles «pie jirescrit Iloraie n'astreint ii des limites déterminées le développement naturel du plan dramati- que. •> Anli{i<>ne se divise eu scjit actes, cl J'hilinlcle en trois seulement. Chez les Romains, c'est a l'époque de Varron que fut adoptée la division en cinq actes. tlKi. lahulii iiiuf posci i'itlt. A l'origine, c'étaient les édiles qui autorisaieni la re- présentation des i)irces. Sous Auguste, lUi comité de censure fui institué qui se comj.., sait de quatre personnes, l.a pièce, uik' lois admise et jouée, pouvait élre reilemandée par le peuple. Voy. Snl., I, x, :i!>. tltl. N<-<- 'lrii.1 intcrsil. C'est que liop souvent les potles faisaient intervenir 1111 dieu, ili:iis ex inacliiiui, <|u«nd ils ne pou- vaient trouver un dénouement. L'appa- rition d'Hercule dans Pliiloctète ne choque l)as, parce qu'elle ne produit qu'une pé- ripétie extérieure; la véritable péripétie est dans le retour de >'éoptolèmc à sa vraie nature. Au contraire, ilans les tragédies d'Euripide rinterventiou d'un dieu est à la fois trop fréquente [Oresie, Ion , Hippolyte , Andromaqiic , Hélène, Electre , les Bacc/iiinlcs , Iphigènie en Tiiitriile, les Suppliantes), et trop \tc\\ justifiée : le poète n'a recours h ce dé- nouement que parce qu'il lui serait im- possible d'en trouver un autre. La cri- tifpie d'Horace s'adresse très bien ii Kii- ripide. 192. \ec ijunrtii loijiii Qu'un qua- trième ]>ersonnage ne se donne pas beau- coup de peine pour parler, qu'il ])arle l)eu. Horace ne cundamiie pas rintroiliic- tiou d'un quatrième acteur (il serait plus rigoureux c|ue les Grecs eux-inéme<); mais il demande que cet acteur ne se mêle pas trop indiscretenieni au dialogue. t9.')-202. Kst-ce au chœur i.S considérer le chœur comme un acteur qui f;iit partie du tout et qui a au<;si sou lôlc. » 19i. \e t/iiul nuulios intsriinat iicliis. Ce roproclie s'adresse très justcuicnt à Kuripide. D'apn'-s Aristote, c'est Aj;atlion qui aurait le j)rcmicr donné ce mauvais exemple. 196. lllc bonis.... Dans Euripide le chœur manque encore à cette lui. Il écoute souvent avec trop de complaisance les ]>rojets les |>Ius criminels et jure de ne pas les trahir. Voy. llifpoljr/e, vers Tl'i. <97. Pcccure timciitcs. Horace a dit de même [Épit., I, xvi, 52) : Oilcriiiit peccdre boni Cette expression n'est donc pas du latin ecclésiastique, comme le i)rétcnd Bentley pour justilier la va- riante «ju'il propose, pacnie lumentcs, et (pic donne un seid manuscrit. 200. Ille tcgat coinmissu. Kntre autres excmpifs, voy. Sophocle, Klectre, 4 00 : '< il ••Y'^i ''tao' v|j.<7>v, Tpô; Oemv, ïi'ut, :pt).ai ", dit Clirysothéniis au clueiir. 202. Oiicliiilio vient du {;rcc hciz'.y i.t - xo; (voy. Hésiode, Bouclier d^llfiru/r, ver* 122). Il ne faut dune l)as écrire ce mot par un au. On ne connaît pas la rniu- position de rc métal : pour les uns, c'est métal simple, |Miur les autres un mui- posé d'argent et 1S0\ES Latior ainplcc'ti imiriis, \iiu)c|iu' diuriio Placari Genius festis impunc dicbiis, aïo Accessit nuineris(|iic inodis(jiie licciilia major; Tndoctus quid cnuii saperel libei'cpic labonim Riislicus url)ano confiisus, tiirpls honesto? Sic prisCcT in()tiim(|iie cl lii\iiricin addidil arti Tibicen lra\il{|ue vagus \)ev j)ulpila \cslcm ; 211 Sic ctiain (i(bbiis nocos crcxci-c scvoi'is, Va lidit ci()(|uiiiiii iiisoliliim laciiiidia [)i\cccps, l ldmm(|iic sa^ax rcrimi cl (hxiiia fuliu'i Soi'lilc^is non (bscrcpiiil ^clllclllla l)cl|)liis. ('.aiiiimc (|iii l^a^;lc() \dcm cci'la\il ob birciim, 220 209. yinoque diurno. Manger et boire ti(juos connue dans les solennités reli- en plein jour, coentirc de die [ci. Sut., Tl, ^^ieuses et les riiuéniilles. l ne peinture VIII, 9) fut ])Our les Koninins un «les île l'dinpéï nous montre un joueur «le signes «le l'introiluction «lu luxe. Intfm- (liUe au théAtre : il est assis sur l'autel «le pcstivum convivium, expression toujours liaccliiis, et pr<''eisi''nu'nt v«'fu,eonune l'A- prise en mauvaise J>art, in(ti«pie un re- pollon Masaf;ète du Vatican, «le la longue pas commencé trop t6t, et, «l'une façon robe «l«)nt j»ai'le Horace; et, tandis «pTii générale, des habitudes «le luxe et d'in- joue de la d<îubh" flûte, son ]>ied gauclu" tempérance. bat la mesure. 21(1. Genius, l'iiissiincc iiilcrniédiaire 216. Sic ctitiin /iilihus Viicuu ti'xie entre les hommes et les «lieux, le Genius, ni- j>crmet «le constater «pie les pièces ro- iilcntilié ])ar Varron avec l'i^me raison- niaines étaient Hecompagué«'s de la Ivre, nable de tout être, protège cha«pie indi- (/est seulement avec les |>aut<)Uiiiiies «pie vidii, chaipic famille, chaque peuple, dans la Ivre apparaît dans les ciinticii, en même toutes les circonstances de la vie. On lui temps «pie le iMupanum. ('."est le peu «le offrait «le l'encens, «lu vin et «les coiiron- lenseigueinenis «pic nous avcuis sur li- nés. — f//if)iiiic, sans ipraïK-nne loi le dé- rùh* «le la musiipie à Home dans l'art fcn«le. ilrauiatiipie ipii ne permet pas de décider 211. \u/>ieri.ft/ue iiw /i.'Hfue, l«'s niètr<'s si, dans tout ce jiassiigi', Horace parle de et les modulations. In (irèce et d«> l'Italie, nu seulement «le 213. Rusticus urtMiiii) ciinj'u.\us. Jus- l'itivlie, ou mèni«-, «-onime on l'a sup- qu'en l'unnée .Mit) (lUi) tons les citoyiis ptifié, de la (irèce s«>ulenieiit. romains, sans distiiicti«>n «le rang, s«: le- 217. /'r.r (■<■/».?, téméraire, naieut pèle-inéle dans la cin'ett, soit assis 2 1'.». .*i(irlilrf;u.<, ailji-ctifet substantif, sur les sii-ges «pi'ils avaient apportés, soit ici ndjectif, dérive de .t«rle.<, petits objets ih'boiit, «ni accnuipis, lui coiicliés. C'est tels «pie tablettes, dés, cailloux, hagiiet- s«-iilem«-ut s«)iis ré«lilité «le (;. Atilius irs, etc., «pii servaient pour h's oracles. ScrrnnuH et L. Scrilionitis I.ibo ipie les l u enfant Çtnrti/rf^u») les jeux bandés, »énnt«-iirs eurent îles places rés«-rvées. les lirait «le l'eau. ÎNmis nxoiis conservé Vo) . 'l'ile-Live, XX\I\, .M. — l.e | - ipielipies-ims «le e«'S obji-ls, «les lal>lett«-s ]>le «lès lors n'eut de place ipt'ajtirs le de bronze, sur lesipielles sont gravées «pialor/iènie gra«liu. des sentences. Voy. le l"' volume du 2 14. I.uxuricni, exagération. — iS. ('iir/>ux. — /)i/jilil.^, l'orach- de Delphes, (jcèron, de I.cfj., II, .'IK. iloiit lliiracc associe ingéiii«Mis«Mueut h- 2l.'i. Tihircn. Les joiieiiri «le (liUe. ipii souvenir il celui d'une couliime romaine, formaient il Konw une corporation, étaient 2'J0-'j,'iO. l'iiiirquoi Horace consacre- employés il.ins les représeiilalious draina- t-il trente veis .m driime salyri«pi«', dont DE ARTE POETICA. Mo\ eliain agrestes Salyros uudavil cl aspor liuoluini ofavilate jocum tcnlavil co, cjuod lllcc'clji'is crat et grata novitatc inoraiidus Spectalor t'iiiiclusque saci'is cl pot us el c\le\. ^c'l•llm ila risores, ita coniineiKlare dicaces Coiiveuiet Salyros, ila voilere séria liido, Ne, quicumiue deiis, qiiicuiKiue adliil)ebilui- lieros, Kcnili conspectus in auro uuper cl ostro, 23 l'existence ii Roino n'est pas très cev- taiae? On ne saurait, en etl'et, rej^arder comme des drames satyriqucs les irxvj- ç'.y.à; xw(J.(;>0'!a; composées par Sylla, i:a-pwr, ^0)vt;, au dire de Nicolas de Da- mas; car elles s'appelleraient ôpdtJAXTa et non y.ajaoioix;. D'autre part, on ne peut identifier, comme on l'a essayé pourtant, le drame satyrique avec les Atellanes, et dire que c'est de ces dernières que le poète parle ici; il n'y a entre ces deux sortes de pièces aucune analogie : sujets et personnages, tout diffère. Pourquoi donc Horace parle-t-il du drame saty- rique? C'est probablement, comme sem- blent l'indiquer les vers 225 et suivants, parce qu'à son épo et suiv., l'bistoire de la tra- gédie. Horace commet ici l'erreur (ju'oii retrouve dans Boileau. Le bouc n'était pas le prix du vaimjueur : il portait seu- lement les prénùces dan» les fêtes d'un est sortie la tragédie; puis on l'immolait a l)i., puisque les Satyres sont toujours uns, mais " mettre sur la scène des Sa- ty res nus ». 222. Incolumi gravita te, sans compro- mettre la dignité des personnages, dieux et héros, mêlés à l'action. 223. Grata iiovilate. C'est en efl'et un genre tout nouveau, d'abord à cause des personnages mis en scène, ensuite à cause de la pièce elle-même, ni tragédie, puis- que les satyres y apparaissaient rieurs, agrestes et folâtres, ni comédie, puis- (pi'elle était inspirée par les aventures de Dionysos, et qu'on y voyait des mon- stres terribles et des tyrans cruels. Dé- métrius l'appelle ingénieusement une tra- gédie plaisante, Ttatl^O-JTa Tp3CY';)5ta- — Morandiis, car il a déjà assisté à la rcpic- sentation de trois tragédies. Ct. A'/'i' , I, XIII, il, et plus bas vers ;i2 1 . 22."). Commemiarc, faire valoir. 22H. yufiiT, dans les autres pièces, dans les tragédies représentées avant le drame satyri(|ue. 24 EPISTULA AD PISOXES iMiirrot in oIjscuims liinnili scrmone tal)C'rnas, Aut, (liiin \\\d[ liuimini, niil)cs et mania caplcl. V^il'iitii'C levés indii-na tra^œdia \ersus, Ll festis niatroua nioveri jussa (liel)us, Intcrerit Satvris panluni j)n(libun(la |)rotervis. Non eso inornala et doniinantia noinina soliini Vcrbaque, Pisones, Satvroruni siriplor aiiiaho; Nec sic cnitar ti-agico differre colori, Utniliil inleisil, Davusne lo(|ualui' et aiidax INlhias einunclo liurata Simone laleiilum. An enstos f"aimdus([ue dei Silenus ahimni. K.v noto fielnm eai'men se(|uar, lit sihi (|uivis Speret idem, sndet nndtum Irustraque lahoret Ausns idem : tantum séries junelnracjne poUct ! Taiiliim de medio siim|)tis accedil honoris! Silvis dediieti eaveant, me judiee, Fanni, Ne, veint innali li'iviis ae j)aMie forenses, Aut nimium tejieris juvenentui- vcrsihiis im(|iiam. 230 a35 a4o a', 5 23\ . Ejy'utirc, répandre. Futis, Taction de réj)andrc ; J'ittilis, qui laisse couler l'eau (en parlant d'un vase); par exten- sion, se dira d'un bavard qui ]>arie sans cesse, et des choses frivoles «pi'il dit. — Inili^iui, tournure grecque, avdt^'.o;. (■'• Épit., I, III, 35. 232. UtJ'eslismatroïKi, j)arcxcni|)lcdans les fêtes oui' la dot de sa lllle. — l'.mmitlK. Cf. l'huile, llii,,l,., (illH : <> Kmiill^ain , lierele, Imniiiieni )irolie liodie. •< 231). .SileiniS, llnlll lirirr de li.ir.jiiis, |ierAonna|{e iissc/. éle\é ili' l.i iii\ llnJu^^ie }jrec((ue, sorte de Ilévélateiir. \'oy . Prel- ler, Mrtliolo73-57'J, cl Virgile, ÉffloffUds, VI. 2U(. Ex noto /l'clitm.... Je jiréférerais un style fait avec le style ordinaire, un style simple, mais uni(pie. 21 I . S/ieret idem, l'aseal a dit de même [Esprit gcométriquc) ; « Les meilleurs livres sont ceux que ceux qui les lisent croient qu'ils auraient pu faire. » 241. Silvis dei/ucli, tirés des forêts et int odiiils sur la scène. Viir. educti, (jiii aurait le même sens i|ue educati. Cf. Virgile, .*•«., VI, 7f>5. 2'ir>. Triviis... J'orenses. Il semlile que par le mot triviis, qu'explique le vers 2i7, Horace fait iilliision un lan^a^e f^ros- sier du petit peuple, et par le motyi» reiises, ipi'expliipie le \ers 2tli, il désigne le laii^iifje soij^né des iivocuts et des jeunes i^eiis, pour (|ui le forum était un lieu de remle/.-\oii<. I,a pensée du poêle serait plus eliiire, si au mot iir on |inii- \ait sulislitiier le mot >/»/. 2lli. ./iii'fiieiitiir, iiiitt créé par lioraci", et imite du jjree VEXVie-JETOai. (A.Jiive- ii.urir . Odes, IV, II, !.r.. DE A UTK POKTICA. 25 Aut immiiuda crcpcut igiioiniiiiosa([iic dicta : OHcmlunlur cnini, ([uilnis est C([uiis et pater et res, Ncc, si qiiid iVieli eicoris |)i-()l)at et iiiieis einptor, /Equis accipiunl aiilinis doiiaiilvc coroua. aîo Svllaba loiiya hre\ i suhjecta vocaliii- iainhus, Pcs citus; iinde eliaiii trimeli-is acci-escere jussit Nonien iainbeis, cuin seuos reddci-et ictus Primiis ad extrenuiin similis sibi. Non ita pridciii, Tai'dior iil paulo i;i'a\ ior([UC vcnircl ad aiircs, 253 Spoiideos slabiles in jura patcriia lecepil Clomniodiis et j)aticns, non ut de scdc secunda Cederel aul quarta socialiter. Ilic et in Acci 247. Cre-feiit. i'A'. UdfS, I, xviii, •"> ; se coinpose de six ])i(;(ls. (^V-st donc Sut., II, m, 33; É/'it., I, vil, 84. la iiiLine chose; et Horace joue un peu 248. Pater, un ]>tTe d'origine lil)n'. sur les mots, en raisonnant au point de A l'origine, i)our avoir un vrai père, il vue grec, puis en se plaidant au point fallait le mariage patricien. Voy. Tite- de vue latin. « L'ïambe, dit-il, est un Live, X, 8. pied si rapide, qu'on donne le nom de 249. Fricti ciceris. C'était, et c'est eu- triniètre au vers ïanibi({ue, bien qu'il corc en Italie la nourriture du pauvre. " frappe l'oreille par six mesures. — la/n- Voy. Plante, Duccli., 767; fwnulus, 32J l'cis, l'orme grecque (tâo.oîio;), intro- ct suiv.; Martial, I, 104, 10. — \ucis. Les duite par Horace. — Accresccre, var. ac- noix jouent à Rome le même rôle (pie les cedere. fèves en Grèce. Aristophane se moque 254. Pri/iius ad (■a7/c/««//i, c'est-à-dire [Chevaliers, \\) du peuple mangeur de exclusivement composé d'ïambes. — Aort fèves, ÔTjiJLo; ■/•jx(10-pw5- "" l'ridem. Si Horace veut dire qu'il n'y 250. Doiwntve coroim. Plaute [Pœiiulus, a pas longtemps, il ne jieut être question ProL, v. 37) parle des récompenses dis- des Grecs, car il y aurait plusieurs sié- tribuces parles présidents des jeux, /«- clés. Il ne s'agirait donc que des Romains ; doritm curatores ; mais c'est à l'acteur, mais pour les Romains aussi il y aurait senible-t-il, et non il l'auteur, (pi'elles longtemjys, puiscpic «lès le début les sont décernées : « Ne paluia ïambitpies de la tragédie latine : Horace 251-274. Le poète doit aussi ridem un sens très insiste d'autant plus volontiers sur ce étendu, comme celui «|u'a souvent niiper, point que les poètes romains négligeaient et entendre un espace «le temps indeler- davantage les ïambes dans les vers ïam- miné, soit rapporter ces mots à non ni biques. de sede .u-iiuni : cet ïambe. CI. vers 34 5. 259-260. Nobilibus. I/iroiiie est sen- sible non seulement dans ce mot, mais encore dans le vers suivant, (jui est vo- lontairement, comme les trimétres d'I'In- nius, nuigno cum ponricrc missiis. — Et Enni. La variante, ado]>tée par Bentlej , qui consiste il mettre un ]><>int après Enni, et à remj)lacer inissas par missits n'est justifiée par aucun manuscrit. 26.'J. Iinniiululiitii..., non pas des vers faux, — <'ar (licéron alïirme par deux fois [Oriit., xi.i; de Oiiit., III, 50) cpiau théâtre tout le monde proteste si l'acteur fait une faute de ijuantité, — mais des vers mal cadencés, dépourvus d'harmo- nie. Kemari|Uous, pour ne pas élri' ilr ces juges peu clairvoyants dont ])arle le poète, (pi'Horrice fait |)recisément ici un vers immixluliilum. 206. 'J'iilus et inlra s/ic/n Kunin' cniitns. Je sais ipie l'on verra mes fautes, mais je prenils mes sifretés et me garde en restant dans les liiuiti's ou je puis coiiip- ter sur l'indulgcni-c. 267. f^itiivi.... Il j a une iilée sous- entendue : u Non, je ne ferai pas cela, je ne mi- donnerai |)as carrière, ni ne me résignerai ii ce ipie chacun voie mes lautes ; car en agissant ainii, j'échappe au reproche, mais ne mérite p.is la louange. N'ous, pour la mériter, feuilleté/, nuit et jour les modèles grecs. 270-274. At vestri. .tt indi(|uc une objection faite au poète qui répond aus- sitôt : niiniuiit /xiticnter Fcslri, comme \'os, j>liis liant, parce (|u'il s'adresse aux l'isons et jx'ut-étre aussi, comme le re- niar(|ue Orelli, parce (pi'il était peu con- venable qu'un (ils d'allVanchi fit la le(;on aux i>roiwi. J,a b'çim noslri s'cxj)li — J'/iiiitiiios et nunicros et sa- les. Cicéron est un «le ceux (pi'attciiil l'in- juste critique d'Horace : comme tous ses <'()nl<'Mi|)iniini vetercs atquc itrbani sales (Epist. ad Jùirn., IX, 15), et appelait précisément urbanus ce l'Iaui • «pi'Horacc déclare inurbaiius (/>f Ofliiiis, I, lO'i). Cela jirouve que de Cicé- ron il Horace l'idéal avait changé, et cpie le mot urbanus n'exprimait plus la même idée : » Vnrbanité, ilit Sainte-lleuve, ce mot tout romain, qui dans l'origine ne signifiait «pie la pureté du langage de la i/7/c par excellence (r/7.'f),par opposition au langage des provinces, et «pii était |iroprriiieiit pour Uom«- ce que Vatlicismr était pour Athènes, ce mot-là en vint ii l'xprimer bientôt un earacicre de politesse ipii n'était pas seulement dans le parler et dans l'arci-nt, maiii dans l'esprit, «lans la iiiaiiicic et dans tout l'air «les per- sofiiir>. l'iiis, avec l'usngc cl le temps, il DE ARTE POETICA. No dicam stulte, mirali, si modo c^o et vos Sciimis iiiurbauiiin Icpido sepoiicrc diclo, Legiliimiiii(|iic soniim digilis callcinus et aurc. Igiiotiiin liagicae geiius inveuisse Canienœ Dicitur et plaustris vexisse poemata ïhespis, ()iiœ eaiicreiit agcrcnt([iic poruncli Icpclhiis ora. Post Imiic pci'soiia» palhr(|uc rcpcrtor lioiiesla' .^schylus et modicis instravit pulpita tignis, Kt dociiil inagiuim(|uc loqui iiilique cotluiriu). Suc'ccssit velus liis coiiurdla, non sine inulla -27 273 280 en vint à exprimer i>lus encore, et à ne pas signifier scnleiiient une qualité du langage et de rcs|>rit,mais aussi une sorte de vertu et de qualité sociale et morale qui rend un homme aimahic aux autres, qui embellit et assure le commerce de la vie. Horace l'avait. » — Quant à la mé- trique de l'iaute, Horace a le tort de la juger d'après celle de son époque, et de ne pas se reporter :i la prosodie telle qu'elle existait du temps de Plante. 274. Digitis. Les anciens marquaient la mesure soit avec le pied, peduin ictus, pliiiisiis pedis ((juintilien , IX, iv, 5H), soit avec les doigts, le pouce surtout, ili- giloruin, pollicis ictus (Horace, Oilcs, IV', VI, a.). 275-288. Cette histoire de la tragédie et de la comédie grecques, ii laquelle Ho- race va opposer les tentatives des llo- iiiaius, a sa )ilace tout indiquée dans un traité sur l'art draniati(|ue, et après les vers qui précédent. Klle est, par mal- heur, très incomplète et très inexacte. Horace a dû être trompé par un gram- mairien de l'Kcole d'Alexandrie qui lui a servi de modèle. 27.'i. fgnotum Iriigicu'gcitus Thespis, au temps de l'isistrate (.t36 av. J. C), inventa le premier acteur (•jiroy.piTv^;) qui ii'jJoiiil par un rliu-ur au repos, m.iis bien ;i la comédie la plus ancienne, où l'on trouve un cortège en marche. 277. PeriinctiJ'iicihus ora. C'est seule- ment dans la comédie qu'on trouve des chanteurs barbouillés de lie, Tp'jytDOO'JÇ, comme Aristophane appelle lui-même ses rivaux. Toutes ces erreurs sont repro- duites j)ar Boileau. — Cancre ilésigne le clio'ur, agere le dialogue. 278. Persoiuc. D'après Suidas, c'est Tliespis qui aurait introduit les mascpies, qui lurent d'abord en toile (cf. O. Muller, Littérature grecque, II, l(i(i),pour j)er- mettre à l'acteur uni(]ue de jouer facile- ment plusieurs rôles. — l'allu: (-^txwv "OOripTiç), long vêtement de femme tom- bant jusqu'aux pieds et traînant :i terre : il faisait paraître ])lus grand. — Iluiie.ttie .ijoute encore à l'idée renfermée dans IKillit, qui était une robe de cérémonie à l'usage des personnes riches, des dieux et des héros mythologicpics. Ce vêtement était en brocart d'or, ou rayé de couleurs vives, comme on peut le voir dans les mosaïques du Vatican qui représentent des scènes arce ipie le poêle faisait étudier la pièce et instruisait les acti'urs . Jusqu'à la lin de sou épitre, Hii- lace \a donner des conseils à si'S cou- , dit aussi (^iiiiitilicii. 21)2. () /'om/'i/iiis siiiigiiis ... <• Niima l'oinpiliiis eut ipialre (ils, l'om|ioniiiH, I)K A in i: l'OKTICA. 29 Milita elles et milita litura coercuil at(|iic Pei-focliiin (lecies non castigavil ad ungiiein. Ing;eniiini misera (|iiia lorlunalius arte Crédit et cxcludit sanos Ileliconc poêlas Democriliis, bona pars non ungues |)onere curai, Non harham, sécréta petit loca, balnea vilat. Nanciscetur cnim pretiiim nomenque poctîP, Si tribus Anticyris caput insanal)ilc niinquam Tonsori Licino commiscrit. () ego Ltvus, oque à hH|urlle on la >uppriniait, était une mar- que de négligence. Cf. Martial, VII, 9."); XII, 59. .300. Anticyris. Il y avait tiois villes de ce nom, l'une en Tliessalie, l'autre en Locride , la troisième en Pliocide ; (lies étaient célèbres par l'ellébore (pi'elles produisaient. — Ellébore, nom d'une ]>lante dont la racine, employée en médecine de temps immémorial, guéris- sait toutes sortes de maladies, notam- ment la folie, d'oi'i, peut-être, le nom de veratriini qu'on lui donnait [quod mentem vertat). L'usage de l'ellébore, dans le traitement de la folie, a donné lieu au jiroverbc : Navigat Anticyram (voyez Sût., II, III, 466). C'est ainsi que pour exprimer délicatement cette idée : « Vous êtes folle, >> le lièvre de La Fontaine dit à la tortue : « Ma commère, il faut vous purger Avec quatre grains d'ellébore. •> Sosie, dans V Amp/iilryon, veut six grains, au lieu de quatre : « Klle a besoin de six grains d'ellébore ; Monsieur, son esprit est tourné. » 30 1 . Licino. Un barbier célèbre de ce temps, mais qui n'a aucun rapport avec ce Licinus dont parle Dion Cassius (LIV, 2t) qui fut afliMnobi par César et nommé par .\uguste procurateur de Gaule. Les anciens commentateurs se sont complète- ment tromi)és dans leurs idenlilirations fantaisistes, par cxemjjle quand ils disent [cninm. Criiq) : « Nomen est tonsoris fa- mosi, qui postea dicitur factus senator a C.Tsare, (|U(>(I odissct Pompeium, de quo scri])tum est cpitapbium : « Marmorco tumulo Licinus jacet, al Cato nullo; Pain- peius parvo : quis pntet cssc dcos ? n 302. Qui purpor hilcin : tournure grcc(|ue. — .Siib verni teniporis hornni ; c'est la recommandation donnée parCclsc (II, xili) : ■• Id (vcratrum album) ne(pic 30 EPISTTJLA AD PISONES Non alius facerct mcliora poemata; verum Nil laiiti est. Ergo fungar vice eotis, aculum Reddere qua^ fernim valet, exsors ipsa secandi ; Munus et ofriciiini, nil scrihens ipse, doceho : Unde parentur opes, quid alat formetque poetam, Quid deccat, quid non, quo virlus, quo fcrat error. Scribendi recte sapcre est et prinripiuni et fons. Rem tibi SocraticcT poterunt ostendere cliartie, Verl)a((ue provisam rem non invita sequentiir. ( hii (lidieit patriiP quid debeat, et (juid amicis, Quo sit amore parens, quo frater amaudus et liospes, Quod sit ronscripti, (juod judicis officium, ((uae Partes in l^eilum niissi ducis, ille profecto Reddere personae scit convenientia euique. Respicere exemplar vitœ morum([ue jul)el)() Doetuîn itnitatorem et vivas hinc ducerc voces. Inlcrdum speciosa locis moralaque recte Fabula nullius veneris, sine pondère et artc, 3o5 3io 3i5 320 Ilicinc, ncquc «state recte datur : (i])timc vcre, tolcrabiliter aiitiimno. » 304. Nil tanti est : je n'y tiens pas à ce prix. 308. f^irtiis, la counaissaiicc, la j)ra- tiquc de l'art. — Error, l'if^norance, aherratio ah arlc. .300. Sapcre..., avoir des pensées safjcs. Apre» avoir expose l'opinion «le ceux qui ne veulent pas que le poète soit dans sou bon sens, Horace développe des i,£y6[i.evov. Vcliéius l'a em- ployé aussi au singulier, mais comme ad- jectif, avec pttler : ptiler con.icriptus. Ou sait qu'on appelait coitscripti, pour les distinguer des piitres, les sénateurs ipii furent --véés par I*. Valérius ajirés l'ex- pulsion des rois. 317. Rc.<:picerc se rattache au vers pré- cédent par un mot sous-entendu : /«.««- per, iriimo, eliiim : u Je recommande aussi au poète, qui veut être un peintre ha- bile, doctiis imitdtor, 3 (H, yiva.K l'Oci's : « Kt les faire à nos yeux vivre, agir et jjarlcr. >• .'H!t. Speciosa, ipii a belle apparcucc. — Liici.i, le» grand» développeuiculs gé- néraux, p/j(i£ii; : c'est la pièce «|ui a le tr/n, dont il <'»t question plu» haut, op- ni-: \RTK PO ET ICA. 31 ^ A^ildiiis ohleclal |)0])ulum incliiis(|uc inoratur, Qiiam versus iiiopcs rcruin nugjrquc canortT. Grais iiigcniuin, Grais dédit ore rotiindo Musa loqui, préelcr laudeni nullius avaris. Romani |)uori longis ratioiiil>us asscm 325 DiscuiU in |)ailes cciitum diducere. — « Dirai Filius Alhini : si de ([uiucunce reniola est Uncia, quidsuperatPPoUias dixisse. » — «Trieiis. « — «Eu! Rem poteris sei-vare luam. Redit uncia, (|iii(l (il.* » — « Semis. » At lifee animos a^nigo et eui-a peculi Tto Cum scmel imliuerit, spcramus carmiua fingi Posse liiicnda cedro et levi servaiida cupresso? Aul prodesse volunl, aut deleclare poetjc, Aut simul et jueumla cl idoiica dicei-e vihT. Quidcpiid pr;ecipies, eslo l)revis, ul v\\o dicta 335 posée ;i celle qui n'a que verla : versus iiiapes rcrum. — Morataque rectc. ..,oùlcs mœurs sont bien saisies et bien observées. 322. \ugxqitc ciinorx. Cicéron n dit de même : « Sonitus inanes, nulla sub- jecta senteiitia » {(le Ortit., I, \2). 32.3. Grids ingciiium, le génie, la per- fection naturelle «le l'esprit. — Orc ro- luiiilo, dans un laiiijagc bien tourné, bien ordonué, lianniiiiiciix. Rotumlus, souvent employé j)ar Ciccrou (cf. Oriit., XIII ; Briitiis, IAXVIII,272) qui l'accompagne toujours de qiiiisi ou ita dicani, s'oppose à rittlis, inciillus, pnrj'iuictus, etc. 32i. \ullius, sous-entendu rci. (>'est imc liberté qu'Horace prend ici vis-à-vis de la grammaire. 32.5. Asscm. L'as, unité monétaire d(; bron/.c clie/, les Kouiains. La ilivision de l'as fournit l'éelielle suivante : \ = as; Y^ = ilccunx ; ~ z= semis ; -j^ = quin- cunx ; -*,- = triens ; -^ z= qiiadrans ; -^z= SfXttiiiS; ~ — iinciii ; ^i = scmuncia. — Il y avait aussi une autre division de l'as en un beaucrxip ])lus grand nombre de ]>arties. C'est à cette division pure- ment théorique, et servant seulement auv usuriers pour le calcul des intérêts cen- tésimaux, qu'Horace fait ici allusion. La Toici : t = ax ; [1 z= iltiinx ; ~"^-=^ dcx- ttins ; YI = dodrans ; -^ = bes • -^ = septunx; -^ = semis,- -^ ■=z quincunx; XI = triens, • xî =^ quadrans ;' ~ï = sex- tans ; ~ == sescuncid ; -^ = uncia; 5L = semuncia ; -^ = tertiulu; -^'= siciliens; 4r = sextula ; -^^ = dimidia sexlula ; jYS =- scriptulnm. 32 fi. Diciit, parce que le maître inter- rogeait ;i la troisième personne. Voy. Odes, I, XXVII, to. C-'est donc à tort que Bentley propose dicas. 327. Albintts. Nom d'un usurier fa- meux de Home. Var. Alhimi. 328. Doteras dixisse. O'cst le maître rofesseur : Oui, tout cela est très joli ; mais croycz-vou» que ce soit le moyen de..., etc. — An, adopté ])ar Bentley, est une variante peu heureuse. 332. Linenda eedro.... Pour conserver les libri, et les jjrései'vcl' des mites et de la pourriture, ou les frottait avec de l'huile ou de l.i résine de cèdre, et on les enfermait (l:iiis des liollci; en cyprès. :i'î Kl'IS t I 1. \ \ I) l'IsON F.S P(.'i'(i|)iiml ;iniini dociles lcnr;int(|ii(' lldclcs : ( )mnc Niincrv aciiiim |)l('n(t de pccloin^ in;in;il. Kicla voliinlalis (musm smi proxiiiKi xcns. Ncc (iiiO(lcuiu|iir \o\v\ |)()S(;il sd)i lahnhi crcdi. Ncii pransiT l.aniia' vi\iiin piiciiiin cxli-alial al\o. ^40 dcnluria' sniioriini aj^ilanl cxpcilia Iriii^is, Ccisi |)i a'U'iciinl aiislcra pocinala Kamnos : ()iniH' lidil puncliiin, (|iii inisciiil iildc didci, l.ccloicin dcicclaiidd |)anl('i(|ii(' uioucndo. jiic merci aTa ld)cr Sosiis, lue el mare transil, j.i.=i Va lonqiim iiolo seii|)l()ii pioio^jal a-viim. Siiiil (lelicla lameii. (|lnl)ll^ i^novisse Nclimus: Nain)U'(|iie eliorda somim reddil, (|iieni \nll mamis el mens, Posccnli<|ne i^raNcm pei^a'pe remillil aciiliim: Née semixT leriet (|iM)deiiii(|ue miiial)iliii' areiis. 35o \ eiiim id)i |)liira nilenl m «armine, non v^n paiieis ()ireiidar maenlis, (|nas aiil meiina liidil, Aiil linmaiia par'um ea\il nalura. (Jiiid eryo est.' 3.'j7. Omne supenuiriiiini. Ueiillcx craint liirios, i-miiptail io pcnliirii's de srniorcs. «pic r«! vrru n^ soit J)as d'Horarp, mais .'tl'J. Hainiies, il'aliord iiiii- ilt-s trois rl'iin moine f|iirlroni|nr. » Vorcor m- mo- ilivisions île l'orilre «'•(|iie!itre, lliirnnritsf.t, narlio potins «piam Marro vcrsiruliis île- Titiensrs, l.urcrfs : iri, tont simplement, lir.itur. n II aurait été inscrit rn marge le» jeunes et fiers [ccIsi) chevaliers, par un lecteur, et se serait ensuite glissé 3l;i. Omne tu/il piinclum, a olileiiii ilnns le texte. ()e n'est là qu'une siippii- tous les siiffrafjes. l'umlii/n ilési^^nc toute nition; mais il Tant liien reconnaître rpic espèce île jxiint : il'où sufTraf^e, parce la pensée est un peu étran};e : •> tout ce ipi'on pointait les votes, ipi'on liit lie trop es' rejeté par l'esprit. •• aiTi. Sosiis, lihrairrs fameux, ilmit il I iint mieux : n'est-ce pas là ce ipi'il faut? est i^ictlinn déjà ailleurs (A;//., l,xx,Jl. II seiiilde ipie le pocle aurait ilil dire : — ///<• el miiic Iriinsil. Dans une f.jiîlic tout ce fpi'on dit de liien en trop s'en va. (I, xx, CI), Horace ]daint son livre ipii, .13H. l'roximii veris, afin ilc conserrer né(;lif>é à Home, va clierclier des lecteurs rilliision poéliipie. en Kspajjne nu en .\fri(pie : « Aul fuj'iei ;i:nt. Xer. var. tir. Uticnm, aut vinctus mitteris Ilerilam. •• :itii. I.iimir. J.amie, monstre nu corps (lu envo>ait au loin les livres cpi'on ne de (rmme et aux pieds d'àne : elle de- pouvait plus vendre à Home. Ici, l'ex- »iirait les enfants ou leur suçait le san^'. pression est prise dans un tout aiitie .'lH. Cenliiriir friiioium. Serviiis 'l'ul- xens : ce livre sera ai excellent i|u'on le lins avait parta(<é le» citoyens en cinq lira et admirera même nu delà des mers, classes, et cliat|iie riasse en un nouilire (,'est iii elTil en Afriq le, en Kspaj-ne, et ilifTcrenl de centuries. Dans rliaq lasse aussi en C.aule (à I.Min) qu'on iii\o\ait on ilistiiif'uait les irniores, île 4o ,ois, {,• plus de livres. et les junio/cs, de <7 à *.".. I.a pie- :tr,:i Oui,/ ripo est, formule Ire» fré- micrc cUmc qui »f composait de IIM cen- quel lie/ les l.ntins : clic indique un I)K MITE rOKTlCA. Lt scriptor si pcccat idem lihrarius iisijiio, Qnanivis est inoiiiliis, vciiia caret; ut citliarœdus Ridetur, cliorcla (|ui s('in|)(r ohei'i'at eadein : Sic luilii, (|ui inullimi cessai lit ( ".IkiiiIus die, Oiiem l)is teivc boniini ciim risu iniror; et idem Indi|^noi', (jiiandoque bonus donnitat Ilonierus; A'eiuin ()|)eri longo Cas est obrej)erc soinuuin. l I |)ictiu-a poesis : ei'it (|ua\ si pi'opius stes, Te capiat inagis, et ([Uirdani, si longius abslcs ; H.Tc ainat obscuruni ; volet luec sub luce videri, Judicis ai'gutuni (pue non loiinidal acuinen; Haec plaeuil semel, luvc decics repclita placebil. O major jiiNciiuiii, <|iiaiiivis cl \occ palcrna Finyeris ad rectum et pei- te sapis, hoc tibi diclum ToUc mcmoi", certis mediiun et tolerabilc rébus Reelc eoncedi : consultas juris et actor Causarum mediociMs abcst virlute discrii Mcssallir, ncc scit (pianlum (iascellius Auhis, 33 355 3iio v;: 3:o restriction, et annonce qu'on va s'expli- quer : a Oui, je pardonne ccrt.iiucs fautes; mais cntcuilons-nous. •> Cf. i'ilc- Li»c, XLIV, 22. 354. Scriptor lihritriiu. On dit ordi- nairement tcriba lihriirius , ou sciilni seul {Sut., I, V, 35; II, v, 50; //'/'/., I, viu, i). Cependant scriptor seul, d:iiis le sens de copistej se rencontre <|iicl<|iiefiiis. Voy. Cicéron, Briitus, WII, SH, et li- cite, Ann., XV, 63. 357. Qui inultuin cessiil , <|iii toinhe fouvent en faute. Cf. (^iiiulilieii I, x, \]: » Oratoris perfecii illius, ex niilla ]iarte ce4»anli<. » — Charilu.i, m.iiiv.-iis porte grer <|ui raconta les explnits il' Alexandre : les srholiasles dirent qu'il n'y avait que sept bons vers dans tout son p> — Dnniis n'est pas ici un terme de familiarité, mais d'ailmiralion, comme dans Cicéron f/nniis pncld [). — Qiuin- tlot/uf, S. 34 EPISTUÎ.V Al) PISONES Sed tamen in prctio csl; mcdiocribiis esse poetis Non homines, non di, non conccsscre columnae. Ut îiratas inter mcnsas svmphonia discors Et crassumunguenUiin et Sardo cuni nielle papaver Offendunt, poteial diirl ([uia cœna sine islis : Sic aniniis naliim in\enlimupie poema juvandis, Si paulnm siunnio dccessit, vergitad iinuin. Ludcre qui nescit campestribus abstinct armis, Indoctusque pilœ discive trochive quiescit, Ne spissae risum tollant impune coronœ; Qui nescit versus tanien audet fingere. Qiiidni? IJber et ingenuus, pi-a^sertini census equestreni 3:5 38o de Mécène, d'Horace et surtout de Ti- buUe. Quintilien (X, I, 13) vante son élo- quence, et Sénéque (6'o»i/'Of ., II, i'2) son style. >'iins connaissons les titres suivants de ses discours : Contra Aufidiain ; Pio Pythodoro; Contra Antonii littcras ; De Antonii statuis ; Pro Lihnrnia. — Cus- cellius Aulus, jurisconsulte célèbre i)ar sa science et par ses bons mots. Quand on venait consulter l'illustre Q. Sc.Tvola de jure pnrdititorio, c'est-à-dire sur tout ce qui était relatif aux terres vendues à la criée, il renvoyait toujours à C.asccl- lius. Ennemi acharné des triumvirs, Cas- cellius refusa toujours de rédiger les for- mules de droit nécessaires au partage et aux «lonations des biens confis(|ués aux proscrits. Comme ses amis lui nrpro- chaient de critiquer tro- litique d'alors: « Deux choses, répondit-il, me mettent à mon aise : je suis vieux et sans enfant. » Ou composa sasscr d'elle. l»onr la construc- tion, cf. Sat., I, I, 11). 373. \on homines Il y a gr.iilalioii ascendante : c'est une erreur de vouloir ]>lacer non di avant non hommes : un en- lève il la phrase une partie de .son pi- tpiant. — Co/nmwr, les colonnes îles por- tiques placées devant les boutiques des libraires : on y affichait les titres des ouvraf;cs à vendre. Cf. Sa t., I, iv, 71, et Martial, I, cxviii, 17. 37.">. Cum melle papaver. .\u second service, on offrait sous le nom de cocctitm un mélanj»e de graines de pavots blancs rôties et de miel. On étendait cela sur des croiUcs de pain bis (Pline, H. Y., XIX, «,.5.3). — Sardo, le miel de Corse et de Sardaigne était célèbre par son mau- vais RoiU, .i cause des herbes ainères qui croissent dans ces lies (Pline, H. V., XXV, (3, Ul9;Virgile, Églognes,\ll,\). 3S0. Pilœ, une des quatre sortes de balles dont se servaient les Romains, soit \c fidlis, balhm gonflé d'air, très gros et très léger, soit la pa-^anira, balle en cuir bourrée avec des plumes, jietite et résis- tante, soit encore le harpastnm, un peu ])lus petit (pie le fdlis, ou le Irigon, asscT semblable il la paganica. Mais cette dernière espèce de balle servait surtout dans les bains publics. — Disriis, plaque circulaire de pierre ou de métal qu'on lançait pour exercer sa force et son adresse (cf. Sat., II, II, H). — Trochiis, cerceau en fer qu'on faisait rouler au moyen d'un b:Uon torlii, Aavis. Cf. Odes, MI, XXIV, .'.7. 3H2. Qiiidni? Horace suppose une ob- jection qui lui est faite par un de ce» poêles (|ui n'ont aucun empire sur les ilémangeaisons qui leur prruneiit d'écrire. 3h:i. I.iln-r rt inf^rniius. [n-^riiuiis dif- fère di' Il lier en ce ipi'il ilésigne l'homme libre de naissance. — Census rqiiextrem DE ARTE POETICA. Suinmam nuiniiioriim, vitioquc rcinotiis ab oinni. Tu niliil invita dices faciesve Mincrva; Id til)i jiulicium est, ca mens. Si ([iiid tanien olini Scrlpsci'is, in ^LTci dcsccndat jiidicis aurcs, Et patris, et nostras, nonumquc pi-eniatiir in anuum, Meml)ranis intus positis : delerc liccbit Qiiod non cdidcris; nescit vox niissa i-everti. Silvestres homines sacer interpresque deoruin Caedibus et victu taulo (lelcrruil Orpbous : Dictas ob hoc lenirc tigres rabidoscpie leones; Dictus et Amphion, Thcl^anaR conditor arcis, 3a Î35 390 sumnuim niiminoriim, qui compte parmi les quddringenarii, c'est-à-dire dont le cens s'élève à 400 000 sesterces. 384. yitiotjue reinotus ah oinni, comme ailleurs [Stit., I, vi, 69) : parus et insoiis. 38."). Tu Toi (l'aîné des Pisons), tu n'imiteras pas ces gens-là. — Invita Mi- nerva, c.-à-d. « adversante et répugnante natura. » 387. Mxci. Sp. Muîcius Tarpa, le grand critique de ce temps-là, surtout en ma- tière de théâtre, un des quatre membres du comité de censure dramatique institué par Auguste. Né vers l'an 672, il était alors très Agé. — Cf. Sut., I, x, 38. 388. yonumque prernaliir in annuin. C'est le conseil que voulait sui^Te Quin- tilien pour son Institution oratoire (voy. la Dédicace à Trvplion), et qu'il donne ensuite aux écrivains : u La meilleure manière de corriger ses écrits est de les laisser reposer et de n'y revenir qu'a- près un certain laps de temps, comme à une composition toute nouvelle et faite par un autre, de peur de se complaire dans son ouvrage, avec les yeux d'une mère pour son nouveau-né. » C'est parce qu'il s'adresse à un tout jeune homme qu'Horace réclame neuf années de mise au secret : ce qui est beaucou]). Catulle se moque de C. Helvius Cinna (pii mit neuf ans à composer un poème (ou une tragédie) de Zmyrna (xciv); et l'on sait comme on plaisanta au dix-septicme siècle la Pucelle de Chapelain, dont la composition avait duré vingt ans : u Illa Capellani dudumcxspeclata puclia,Li>ngo post tandem tenipore, prodit anus. » 389. .Ve//i/yra«j.f, parchemin, d'un usage moins répandu que la cluirta. Cf. Sut., I(, m, 2. On appelait aussi mcnibrana une couverture en parchemin colorée à l'extérieur : elle servait à envelopper les manuscrits roulés en volume, pour les conserver en bon état. 391-408. Cette histoire rapide de la poésie est tout à fait à sa place ici : en rappelant aux Pisons les noms des grands poètes, Horace montre discrète- ment combien il faut être téméraire pour se lancer à leur suite dans cette voie. On ne comprend pas la singulière har- diesse de Ribbeck qui supprime tout ce passage et le reporte à l'épître I du second livre. 391. Silvestres homines. Silvasque ce- lehiint, dit Lucrèce. Sur l'état «les hom- mes primitifs, cf. Horace, Sut., I, m, 99; Lucrèce, V, 788 et suiv. — Sucer. Cf. Virgile (,f/i., V[, 645) : Sacerdos T/irctcius... interpres. Platon appelle les poètes " £p[j.r,vîï; tûv Oewv » (Ion). 392. Cxdibus et victu fccdo. Cf. Lu- crèce (V, 964-65 et 936) : « Consectaban- tur silvestria s.Tcla ferarum Missilibus saxis et magno pondère clav.-r... Glandi- fcras inter curabant corpora rpiercus. » — Déterrait Orplicus. C'est ce que dit, pres- que dans les mêmes termes, Ai'isto[>hane (Grenouilles, 1032) : « 'Opfcv; |A£V yàp i£).ETà; 0' •j(j.îv y.aTLSîtÇs, çôvtov z" à.~i- •/EirOat- •> Cf. Horace, Oies, I, xii, 6. 393. Rubidos, var. rupidos. Le verbe Icnire indique qu'il faut préférer rabidos. 39i. Amphion. Aux sons enchantés de la Ivre d'Auiphion les pierres, apportées 36 EPISTTLA AI) l'ISONES Saxa inovcre sono tcstiulinis cl procc Manda 3y5 Diiccrc (jiio vellct. Fuit lia'c saplcnlia ([iiondam, Puldica pi'ivatis sccerncrc, sacra proianis, ConcLihitu prohibcrc vago, darc jura niai-itis, Oppida moliri, loges incidcre ligno : Sic honor cl nonien di\ inis vatihus at(|uo 400 Carniinibus vcnit. l^ost hos insigius llomci'us TvrltPus(juc marcs aninios in Marlia hclla Yersibus cxacuit ; dicta» pcr cannina sortes, Et vitœ nionstrata via est, et giatia reg^uni Pieriis tcnlata modis, hiduscjuc rcpertus 4o5 Et longoruni oj)ciuin (inis : ne foi'lc pudori Sil libi Musa Ivra' sollcrs cl canlor Apollo. Natura fieret laudal)ile canncn, an arte, Qiiœsituni est. E.go ncc stu(buin sine (bvilc vena, Nec rude (juid possit video ingeniuin : altcrius sic 4'» par /,i-tlios dos inoiita;,'ncs voisines, se ineiivent et viennent «l'clles-nièincs se ranger sur les remparts. Homère (J(-sit,'nc les deux frères /étlios et Aiii|)hioii comme les fondateurs de Tlièbes aux sej)! portes (Odyssée, XE, 263). La Ijre d'.Vmpliion rappelle celle d',4.j>oll()n, qui lui aussi est un ronstructeur, jiuisqu'il a bâti, avec l'aide de Poséidon, les remparts ilc Troie. Cf. Odes, in, XI, 2; Éfiit., I, .will, \\. — Arcis est préféra l>le à iiiùis, parce (jue Humérc dit qu'.\iii|>liiar la citadelle. 3\)0. Lfges inciderc ligno. Lesprcmicrcs lois, celles de Solon par exemple, étaient écrites sur des taldettes de liois (ct^OVE;, •/.■'jùut'.ij- Ces tahlelles dressées verticale- ment et rapprocliécs |iar leurs l»ords for- maient un parallélogramme. Clia<|iie a;o)V tourniiit sur un axe centrai, de la- iton à ce ipi'on |iùt lire, «ans clian^'cr de place, les textes écrits sur les ipiatre faces. 402. 'l'yrla iisifuc. ( )n ne posiriic (pic trois fragments îles compositions de Tvr- tée. La place (|ui lui est donnée ici, im- inédialemcat après Homère, et l'clom' qui est fait de lui s"e\pli(|iient i)ar les pro- difjcs attribués à sa muse. On sait que ses accents belliqueux entlammérent telle- ment les Spartiates qu'ils terminéreat par une victoire éclatante une yiicrre enga- gée depuis di\-liuit ans contre les Mcs- séniens. \K\'A. E.tiicuit : singulier fré<|uent cher, Horace. Cf. Stit., l, vi, 131. — Diclip per curmina sortes. Pendant longtemps les oracles s'exprimèrent en vers : ils étaient rédigés par les prêtres réunis en collège. idi - L't filie nions trtit/i via ctl .... C'est la poésii,- didacticpie. — Grulia legum, la faveur de Hiéron, de 'l'Iiéron, etc., rcclieicliée par Pindare, Simonidc, etc. 40.'). Liii/ii.mniura noctu ludilicarentur, laminas plumbeas renibus a|)pendel)aQt " (Comni. Cru<|). Horace ne parle ici que de ceux «|ui disputaient le prix de la course; mais le mode d'entraineiiient était le même j)<)ur tous. ^\6. \unc satis est : c'est la leron de la plupart des manuscrits, qui semble préférable ii la variante iit;c. .K. ce que devrait faire le poète, Horace, «jui sans cesse fait idlusiou à »iitempnralus, ces mau- vais écrivains dont il a dit ailleurs [Jipît., II, II, 107) : « Gaudcnt scribentes, et se vcncrantur, et ullro. Si taccas, laudant quid({uid scripsere beati. » Voy. Acron : « .\iinc, hoc temporc, istis temporibus, id est in hac copia imperitorum suflicit alicai se jactare et dicere..., etc. » 417. Scahies. Allusion à un jeu d'en- fants : « Ita enim pueri currentes aiunt : u occupet scabies in extremo remancu- « tem. >> Acron. Cf. Éptt., I, i, 51). 418. Sane ne doit pas se rapportera didiei, mais à ncscirc fateri. Ici, comme souvent, cet adverbe est pris dans un sens général, et devient synonyme de certe, val Je, utitjiie. 4l9-4;ii. Horace met les Pisons en garde contre les mauvais flatteurs, et (434- 453) leur recommande les juges sages et judicieux. — Pricco (argentarius), crieur ])ublic, dans les tribunaux, les ventes à l'encan, les spectacles, etc. 4 20. Jiibct ad lucrum, attire les flat- teurs j>ar le désir du gain, quand il les convie à venir entendre ses vers. 421. Dives agris. Voy. le même vers. Sut., I, II, 13. — Horace s'est jdusieurs fois permis ces répétitions : cf. Sat., I, II, 27; I, IV, ii2; I, \i, -,\ ; Epit.,\,i, 5r.. 422. Lnctuni, s.-e. convit'ium : un re- pas somptueux. Cf. hpît., I, xv, 44. — Perse dit d'un dîner très maigre : <• cœ- nare sine uiuto » (vi, 16). — Cependant on pourrait faire de unetum un accusatif masculin qui s'op]ioserait à pauper du ver» suivant, comme ailleurs {/ipit., I, XVII, <2) ce même accusatif unetum s'op- pose à siccus. Cf. Sénèqiie, Epit. ,^x\it 38 EPISTILA AD PISONES Et spondere levi pro paiipere, et cripere atris Litlbus Iinpliciluin, iiiiraljor, si scict intcr- Noscere inendaccin verunique beat us ainiciun. 4^5 Tu, seu donaris, seu quid donare voles oui, Nolito ad vei'sus til)I factos ducere plénum Laetitiœ; clainabit enim : « pulclire, bene, recte ! » Pallescet super his, ctiam stillabit amieis Ex oculis roreni, saliet, lundel pcde terram. 4îo Ut qui couducti j)lorant in funere dicuul Et faciunt prope plura dolentibus ex aninio, sic Derisor vero plus laudatore movotui". Keges dicuntur niultis urgcrc culuUis Et torquere mero queni perspcxisse laboiant, 435 An sit aniicitia dignus : si carniina condes, Nunquam te lallant animi sub vulpe latentes. Quintilio si (juid recitares, « con'ige, sodés, Hoc », aiejjat, (( et hoc. » Melius le posse negarcs, 423. Lcvi, qui, sans ce riclic qui le cau- tionne, serait peu digne de foi, levijuliis. — Atris. Cette épithétc, qui a un sens très fort, s'explique par la haine que les Romains avaient pour les procès. — V^•lr. Arc lis. i2i . Inter-nosccre. On retrouve ailleurs (Stil., l, II, 62) une coupure analogue : inter — est. CA. f'.pît., H, ll, 03 : circtim- spectcmus. 42r>. Deatus, non pas riche, et synonyme du loyé avant Horace. — (>f. Sénéque Ei>ît., XX vu. 4 3.">. Pcrsfjcxtsse, \nr. prospexisse. 137. .Suh viilpc Litentcs. Proverbe grec, TT,v à'/'-paTtoofijo/) tpî/a ç'jAâtTEt, imité aussi par Per^c : <• Astut. Inertes. Sans art; en même temps languissants, ars indi'ptant l'action. 447. .Itriini transversn calamo si^niiin. C'est Vohclo.', signe critifjuc en forme de ]>iqiie, J)ar lequel on signalait les j)as- sages défectueux d'un ouvrage. On met- tait aussi un 0, première lettre du mot OavaTO:, pour indiquer que le passage était condamné. De là le vers : « O mul- tum ante alias infelix littera thêta! » 449. Mutanda. II ne s'agit pas ici des mots à supprimer et à remplacer : Horace en a déjà ])arlé j)lus haut (445-447), mais des mots à changer de ])lace. 450. Aristarchus. Célèbre critique d'.4.- lexandrie. Son nom, opposé à celui de Zoïlc, est resté comme synonyme de juge intègre et consciencieux, vir hnntis et prudens. Il est surtout connu pour avoir établi et rectifié le texte d'Homère. JN'ul ne fit plus que lui usage de Vobclos pour signaler dans VIliade et VOdjssée les jiassages qu'il jugeait apocryphes. 4.ÏI. OJJendarn in nugis. C'est ce qui arrive à Alceste vis-à-vis d'Oronte dont il blàmc les nugx. 4.")3-476. Horace finit, comme il a com- mencé, j)ar un tableau ridicule. C'est un ])rocédé qui lui est d'ailleurs assez fami- lier. Voy. la fin de l'épître I du second livre. Il est probable que le poète a pris son modèle parmi quelques-uns des mau- vais écrivains de son temps. 4.").3. Morbus re<;ius, Morbus arquatiis, la jaunisse, la maladie dans laquelle la ])e.'îu prend la couleur jaune de l'arc-eii- ciel. On l'appelait regius, sans doute parce que cette maladie exige des soins délicats. Cf. Ccise (III,xxiv): <■ Per omne 40 EPISTULA AD PISONES Aut fanaticus error et Iracimda Diana, Vesaiium tctigissc timeut fugiiintquc poctam, 4.W Qui sapiunt; agitant pueri incautiqiic scquuntur. Hic, duni sublimis versus ructatur et errât, Si veluti merulis intentus clecidit auceps In puteum foveamve, licet : (( succurrite » longum Clamet, « io cives! », non sit, qui tollere curct. 460 Si curet (piis opem ferre et dcnullcrc luncni, (( Qui scis, an prudens hue se projecerit atque Servari nolit.' » dicam, Siculique poetœ Narrabo interituni : deus ininiortalis liaberi Dum cuj)it Enipedocles, ardenteni frigidus ^î!,tnani 465 Insiluit. Sit jus liceatcpie perire poetis; Invitum (jui scrvat, idem ("acit occidcnti. Nec semel lioc lecit, nec, si retraclus eril, jam Fict homo et ])onet fanioscT inortis amoreni. Nec satis apparet cur versus lactitet, utrum 470 Minxcrit in patrios cincres, an triste bidental tcnij)us utciiduin est exercitatione, fric- tionc; si liiems est, balnoo; si .TStas, fri- gidis natationibus ; Iccto ctinm et con- clavi ciiltiore, hisii, joro, liulis, lascivla, per fju.x mens exliilarctiir : oh qu.T regiiis morbus dictiis vidctiir. » 454. l'iintiti'ciis inditjuc d'une façon générale tont ce qui est relatif au tem- ple; ])uis celui qui est inspiré par une divinité; enfin tout homme en délire, extravagant. — Iracunda Diana. '^t\-t\- V07;).r,y.T0;, les lunatiques, aussi chan- geants que la lune, « dcsvoyés de leurs sens. » 455. J'iigiunt, \ar. fiigicnt. 456. Agitant /Jiicri. Comme le sage mis ailleurs en scène par Horace [SaC. I, III, <33), et dont les enfants tirent la barbe. 457. Sutillmis, [j.sxEiopo; la tète en l'air. Cette é|)ithéte explique le vers 4 5H. La variante sublimes n'est j)as heureuse, car l'image disparaît, et ce qui suit ne s'explique ])as bien. — Ititrlaliir, l'actif est j)lus ordinairement employé, mais cette niétai>hore éneiyi<|uc est très clas- sique. 459. Longum équivaut à magna voce. Cf. Virgile, Ég/ogues, IH, 79. 462. Qui scis an? an pour annon. — Projecerit, var. dejccerit. 4 65. Empcdocles d'Agrigente. A la fois poète, j)rétre , philosophe, physi- cien, médecin, il opéra des guérisons où la foule vit des miracles, et fut pro- clamé dieu par la Sicile. Horace rapporte ici une des fables auxquelles la mort d'Empédocle donna lieu : il se serait précip'\c «lans l'Etna. D'autres disaient qu'il avait été enlevé au ciel. — Arden- tem frigidus. Frigidus ne veut pas dire de sang-froid; il faut ])rendre ce mot soit dans le sens matériel comme dans Vir- gile : « Calidum vomit ore cruorem Fri- gidus, » soit dans le sens qu'a quelquefois 'Vj'/pô; en grec, c'est-à-dire insensé, fou. 4 67. Idem /acit occidenti , tournure grecque (tô a-JTO itoitl T»7) XTîivovTl) très rare che/. les Latins. On la trouve aussi che/. Lucrèce (m, 1038). 471. Minxcrit in patrios cineres. Grave ])rofanation. On retrouve souvent inscrite sur les tombeaux une recommandation analogue ;i celle-ci, (|ue l'erse fait à des I)K A H I K l'OKliCA. Movei'lt iiKfsliis : cvviv lïii'il, ac veliit uisiis, Objfclos cavca' valuit si lVan<>erc clatros, huloctimi (loclimunic riii;al rerifalor aocrhus: (^)u('m vcro arripiiil, Iciicl <)<(i(lil(|iic Ici^oiulo, N'on missiii'a ciilciii iiisi pleiia criioris liiiiido. 41 oiiliiuts (l, n-J) : .. l'iieii, >;io.r isl In- cus : extra ineiite. " - Bii/eii/it/. mk.iiii- iiient élevé ;uix endroits rrii])[)és ();u' l;i fuiidre. Ainsi appelé, parce (jn"(in \ .s;i- «•rifiiiit une brebis ou toute autre vicllnu-, nouiinée hidens, soit parce (|u"elle n'a\ait <|ue deux ans, soit parce qu'elle ne pou- vait être immolée cpie lorsqu'elle- a\ait huit dents, dont les plus grosses ne sor- tent qu'au bout de la deuxième année. 472. Inccstus : non ctistiis. Ne se trouve guère coninic adjectif (jiie (liez les pocti's, et dans la prose |)ostérieure à Au- guste. 47;i. Cldtros ou c/(it/ui)\ [OU tiDUM- aussi le neutre clutni). Carreaux en boi'- ou en fer destinés à servir «le clôture a MU monument quelcon<)(ic, établi', \i\ier. tiiMibeau, iiu à l'eiiiui- une ouvcrtuii-, telle (lu'une porte, une fenêtre ou uui- cag<; d'animaux. 475. ()<(ii/ilffHe Icgcndo. Vo>e/, dans la Satire IH du livre I le jxirtrait d'un lecteur semblable (v. 86) et cf. Séuèqui- [Epit., xov, 2) : !■ Recitator historiam ingentem attulit niinutissime scriptau), arctissimc plicatam ; et magna parte per- lecta : ■• Dcsinam, inquit, si viiltis. » Vcclaïualur : » llecita, recita ■>, ab bis ({ui ilbini obmutesccre illic cupiunt. » 47(). Kiriido. C'est la sangsue. Les La- tins ne lui ellarl adverfo. >> iKiK \(:i',. i;fnKK .vtj\ imsoss. / 11473. — l'AlllS, IMPULMKPilK A. 1. \ H l U K 9, Rue «le Fleunis, l( /: /^ ^^_^"'-^,^^\ xi 1 S àff { s.- '^.w V j \ A \ VaV. .^/•' ^1^!^■^. _^ a -^ /*>«y M-, J-*» *>> «V- •- -: C5*» %«i!|P^ *.H*